Le Festival du cinéma méditerranéen ne pouvait passer à côté de l’actualité internationale. En ouverture du rendez-vous ce 20 octobre, dans un Opéra Berlioz du Corum plein à craquer, deux messages de paix ont été diffusés. L’un du réalisateur israélien Dani Rosenberg, l’autre de l’acteur et cinéaste palestinien Mohammad Bakri, comme une parenthèse confraternelle nécessaire à un cinéma méditerranéen sans frontières endeuillé.
Entre Brésil et Argentine
Pour la première fois de son histoire, lefestival projette ensuite un film d’animation en ouverture : They shot the piano player du réalisateur Fernando Trueba (Oscar du meilleur film étranger en 1993 avec Belle époque) et de l’artiste graphique Javier Mariscal. Les deux Espagnols, qui avaient déjà collaboré sur le long-métrage d’animation Chico & Rita (en 2011), signent un film marquant tant par le fond que par la forme. C’est une co-production internationale coordonnée à Montpellier par Les Films d’Ici Méditerranée, dirigés par l’influent producteur Serge Lalou, lequel espère que ce film « commence sa course vers les Oscars ».
Par la magie du cinéma, les spectateurs sont transportés en musique et en couleurs dans le Brésil des années 1970. Et au-delà. Entre fiction et documentaire, le film nous emmène par le biais de son héros Jeff (l’alter-ego fictionnel de Fernando Trueba auquel Jeffrey Goldblum a prêté sa voix) sur les traces d’un pianiste brésilien surdoué qui disparaît à Buenos Aires une nuit de 1976, à quelques jours du coup d’État militaire qui mettra à feu et à sang l’Argentine.
Un musicien des musiciens
En conférence de presse le lendemain, Fernando Trueba reconnaît qu’il comptait faire au départ un documentaire sur Tenorio Junior, ce pianiste brésilien surdoué devenu « un musicien des musiciens », influençant de nombreux artistes de son temps. Mais après avoir réalisé près de 500 heures d’entretiens, le réalisateur réalise que seul un film d’animation peut lui permettre de prendre la distance nécessaire. Ainsi, They shot the piano player redonne vie au pianiste, mort à 35 ans, sous la forme d’un documentaire dessiné constellé de quelques touches de fiction, racontant comment le jeune musicien est une victime collatérale de l’épidémie de dictatures qui fait sombrer une partie de l’Amérique du Sud. C’est aussi (et surtout) une façon inédite de faire revivre avec des couleurs psychédéliques enivrantes et un souci obsessionnel du détail l’âge d’or de la bossa-nova et du samba jazz. À découvrir dans les salles en janvier 2024.
ALICE ROLLAND
They shot the piano player de Fernando Trueba et Javier Mariscal a été présenté lors de la soirée d’ouverture de Cinémed ce 20 octobre, à l’Opéra Berlioz de Montpellier.
En salles en janvier 2024