Une longue file de spectateurs s’étendait sur toute la place de la Comédie le 23 septembre. Des habitués, abonnés, fans de l’OONM, mais aussi des groupes de jeunes gens qui discutaient pour certains de leur « première fois » à un concert lyrique. Il faut dire que les places à 10 euros, les abonnements moins de 30 ans à 25 euros, sont incitatifs, et parviennent à leur but : renouveler le public de l’opéra, qui a déserté les salles depuis le COVID… Montpellier excepté !
Mais le prix des places n’est sans doute pas la clef essentielle de cette réussite. En ce concert de rentrée Chloé Dufresne est à la baguette. Une jeune femme, pour une direction enthousiaste, qui anime les tempi qu’elle aime rapides, dirige de tout son corps et fait sonner les couleurs du merveilleux Orchestre National, un des meilleurs de France, et de son Chœur, tout aussi exceptionnel. Emmenés pour l’un par une premier.e violon, et par une cheffe de chœur.
Des femmes pour sortir de certaines scléroses du monde lyrique ? Pas de compositrices en ce concert gala qui s’appuie sur le répertoire des grands maîtres (Mozart, Gounod, Bizet, Verdi, Rossini, Donizetti et Delibes), mais un vrai travail sur la représentation.
Moments de pur bonheur
Manon Lamaison (soprano) se présente sans fioriture ni robe longue, presque timide aux applaudissements. Sublime dans Sous le Ciel étoilé de Lakmé(Léo Delibes), elle prend des risques vocaux insensés, file des aigus sur le souffle, ose des contre-uts pianissimi… Le principe du récital permet de faire entendre une autre page sublime, Il faut partir de Donizetti : si l’intrigue de La Fille du régiment est aujourd’hui peu acceptable, et l’opéra peu joué, cet air-là est un sommet de délicatesse, atteint avec brio par la jeune soprano.
Le baryton Felix Gygli soulève aussi l’enthousiasme public, dès l’entrée, avec Largo al factotum, le tube du Barbier de Séville de Rossini. Figaro qua, figaro la, le baryton se joue de tous les pièges de cet air de bravoure qui file à toute allure, tonne souvent, et demande un grand talent de comédien comique…
Le Chœur aussi a ses moments de Gloire immortelle de mes aïeux, tube martial du Faust de Gounod chanté par les hommes en avant-scène, ou un sextet de Lakmé qui mettait en avant ses excellents solistes.
Les duos de Manon Lamaison et Felix Gygli concluent la soirée avec brio, et avec Mozart ! La scène de séduction entre Don Juan et Zerline (La ci darem la mano) où elle finit par écouter son propre désir et entrainer le séducteur dans les coulisses. Et un merveilleux bis, Papageno comique et Papagena qui donne de la voix, tous les deux surfant sur la rapidité et la joie du célèbre duo…
AGNÈS FRESCHEL
Le Gala lyrique de l’Opera Orchestre National Montpellier a eu lieu le 7 octobre