Dans cette période où on déplore la fréquentation en baisse des salles qui programment des films d’auteur, on ne peut que se réjouir de voir la salle Emilien Ventre bien remplie le 11 octobre .Courts- Bouillon y fêtait ses 20 ans. Loïc Nicoloff, son créateur, invité par la dynamique équipe des Films du Delta et sa directrice Sylvia Vaudano, a rappelé cette envie de montrer à Rousset des courts métrages venus du monde entier en imaginant une journée détachée de nouv .o . monde. C’est un public, tous âges confondus, qui répond à l’appel de voyager dans les univers différents qu’offre le format court.
La « séance familiale » , comble, a permis à grands et jeunes spectateurs de découvrir 17 films, travaux des élèves de 8 écoles d’animation françaises : MOPA, La Poudrière, ENSI, Supinfocom Rubika, Esma, Ecole Pivaut, Isart Digital et L’Atelier de Sèvres. Des films très différents dont les techniques montrent bien la formation, parmi lesquels L’entre deux (La poudrière) Yacht (ENSI) Reven ((ESMA) et Ceux pour qui la lune ne brille pas (MOPA)
Coups de cœur
Qu’on aime au cinéma, réfléchir, s’étonner, être ému, compatir, rire, la programmation, concoctée par l’équipe de Rousset variée et d’une grande qualité le permet. Parmi les 17 courts présentés, venus d’Egypte, du Canada, d’Espagne, d’Afrique du Sud, du Liban, de Palestine, de Belgique et de France, des « coups de cœur ». D’abord , un court très fort sur le monde du travail : Apnées de Nicolas Panay, nous met en immersion dans un chantier, nous faisant partager le stress de son responsable, Pierre (Thomas Coumans): course contre-la-montre pour que les délais soient respectés ; peur d’un accident de travail car les ouvriers sont épuisés ; solutions à trouver pour calmer les riverains se plaignant de nuisances sonores, visite de Madame la Maire (Laurence Côte) injonctions et menaces de ceux qui ont commandé les travaux. La caméra, mobile et très près des personnages, des plans heurtés, nous mettent, comme eux, en apnée. Autre film très fort, sur l’interdit de l’homosexualité, Better Than Earth de l’Egyptien Sherif El Bendary : le jour de la Saint-Valentin, une étudiante vivant dans une résidence universitaire pour filles au Caire, reçoit une lettre d’amour de sa colocataire et décide d’aller se plaindre auprès de la surveillante sans se douter des conséquences. Plus légers, drôles mais avec un message fort sur la place des femmes, La conquête de Yannick Privat avec une Camille Cottin, s’improvisant coach d’un équipe de rugby women et La loca y el feminista de Sandra Gallego. Doux amer, le joli film d’animation en 2D et en stop-motion de Vinnie Ann Bose, Sulaimani : quand odeurs, saveurs, dans un restaurant indien à Paris, entraînent dans leurs souvenirs deux femmes indiennes qui ne se connaissent pas. Et pour finir l’inoubliable et puissant Upshot de la réalisatrice palestinienne Maha Haj : l’histoire tragique d’un couple dans une vallée de la Galilée.
Annie Gava
Courts-Bouillon11 octobre
Salle Émilien Ventre, Rousset