mercredi 2 octobre 2024
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Dans la peau

Dans le cadre d’un partenariat avec le FID, le Festival de Marseille présentait le 27 juin, en première européenne, un des films de son cycle cinéma 2024, dédié aux luttes et pratiques artistiques : Dans la peau de Pascal Tessaud

Pascal Tessaud est né à Paris – nobody is perfect. Milieu ouvrier. Premier bachelier de sa famille. Études de cinéma puis réalisation de courts métrages, de doc musicaux , de clips. Dans la mouvance de ces cinéastes nés dans des banlieues décriées dont ils mettent en valeur la richesse créatrice. Brooklyn, son premier long métrage de fiction, se déroulait en Seine Saint-Denis et suivait une jeune rappeuse suisse . Dans la peau, né d’un atelier de direction d’acteurs à l’Académie La Moovida de Marseille, créée par l’Association Ph’art et Balises, a pour cadre la cité phocéenne, et raconte l’itinéraire d’un danseur de Krump des Quartiers Nord.  

Kaleem (Wilfried Blé) rencontre Marie (Almaz Papatakis). Il est d’origine africaine, sort de 5 ans de taule, vit à la Savine, travaille comme manœuvre sur les chantiers pour ne pas replonger. Elle est d’origine grecque, architecte, vit en Centre ville . Elle écoute du neo kyma, lui du rap. Leurs musiques vont pourtant s’accorder comme leurs corps, si différents et si semblables dans leurs blessures familiales respectives.

Entre contrôle et explosion

Ce n’est pas tant dans les grandes lignes de son scénario qu’il faut chercher l’originalité de ce film 100% marseillais. Le retour du taulard. La protection empoisonnée de Rachad, le caïd du coin à qui on est redevable. Les armes planquées dans les placards. La petite sœur à protéger. Les jeunes guetteurs au pied des immeubles et les minots jouant au foot. La collusion plus ou moins imposée avec les responsables politiques locaux. Les familles immigrées attachées à leurs traditions comme une identité et une dignité. Et même la rédemption du héros. Tout cela, a  déjà été raconté maintes fois.

Ici, cela passera très vite à l’arrière-plan cinématographique. Ce qui importe c’est l’irruption-éruption d’un amour et le rêve têtu de Kaleem de créer une salle multisports dans le quartier, vivre de et pour la danse. Les séquences de Krump, filmées en très gros plans, nous immergent dans l’incroyable gestuelle de cette discipline, entre contrôle et explosion. Le film de Tessaud communique cette énergie-là, y puise sa tension.

Et puis, il y a Marseille. Des toits des cités avec vue sur la Méditerranée aux rochers de Malmousque, d’une piscine désaffectée à celle privée où on s’ébat. Fluidité urbaine en bus,  voiture, scooter, qu’on aimerait plus sociale. Des ghettos communautaires noirs, blancs ou gris, il ne resterait alors que le bleu du ciel et de la mer en trait d’union. Un rêve debout, quand l’avenir se teinte de brun.

ÉLISE PADOVANI

Dans la Peau a été présenté en avant-première mondiale le 8 juin 2024 au 27e Brooklyn International Film Festival. Seul long-métrage français sur les 159 films en compétition, il a remporté le prestigieux Spirit Award du meilleur long métrage

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