Donné dans le cadre du festival En Ribambelle, la metteuse en scène Élise Vigneron et la chorégraphe Satchie Noro invitent avec Mizu à un voyage à travers les états de l’eau
Une structure flotte sur l’eau. Un grand arc en bois posé dessus attire les regards. De l’autre côté du bassin, des passants intrigués, observent. L’heure est au questionnement.Puis deux protagonistes entrent en scène. Elles portent quelque chose, mais difficile à première vue de deviner quoi. Un grand sac ? Un énorme blouson ? Une immense glacière ? Il semble que les deux artistes tentent d’en sortir quelque chose… ou peut-être quelqu’un ? Soudain, la musique se lance. Les chaînes sont relâchées, la plate-forme s’éloigne peu à peu sur l’eau.
La glace, la danse et l’eau
Les bruits de l’eau nous plongent immédiatement dans l’atmosphère. Puis une voix résonne : « Tout organisme est soumis à des changements d’état » entend-on. Les mots défilent : « fonte », « glace », « états »… Le spectacle Mizu, qui signifie eau en japonais, prend alors tout son sens. L’eau est au cœur de la création, elle façonne le décor, la matière et le mouvement. La marionnette de glace prend vie grâce à la marionnettiste Sarah Lascar, et bouge au rythme de la danseuse Satchie Noro. Les corps et la matière se répondent.
L’éphémère en mouvement
Les acrobaties s’enchaînent, Satchie Noro escalade la marionnette, la gravité semble parfaitement maîtrisée. Peu à peu, des morceaux de glace commencent à s’effriter. La musique s’accélère, puis, soudain, les bras, les pieds de glace tombent. Pourtant, la marionnette continue de virevolter, sous le regard du public. Puis le tempo ralentit, la danseuse recule et la marionnettiste lâche les fils. La glace se brise sur le sol. Silence. Peu à peu, la marionnette de ferraille semble se relever, avant de s’allonger aux côtés de la danseuse dans l’eau, comme si cela marquait le passage à un nouvel état.
Une œuvre fragile
Mizu réunit différents univers : la marionnette, la danse et le cirque. Une création d’Élise Vigneron et Satchie Noro, qui explore la transformation et la fragilité de l’existence. Une œuvre suspendue entre la matière, la glace et l’eau, où chaque mouvement est un pas de plus vers un nouvel état. Mizu émerveille, questionne. Un spectacle poétique, qui sonne comme une métaphore du temps qui passe. Cependant au rythme où se réchauffe notre planète, on se demande si l’œuvre va pouvoir être jouée encore longtemps !
CARLA LORANG
Spectacle donné du 19 au 21 octobre, dans le cadre du festival En Ribambelle, au bassin du J4, esplanade Gisèle Halimi, Marseille.