Compositeur associé au Zef, Loïc Guénin est arrivé dans la « Bande » des artistes de la scène nationale de Marseille à la saison 2021/22. Cette nouvelle coproduction permet au musicien, explorateur et interprète de ce qui nous entoure, d’unir d’une manière novatrice texte et musique.
Zébuline. Quel est le thème de ce nouveau spectacle ? Le titre tend à en considérer les personnages comme interchangeables.
Loïc Guénin. Il s’agit de la relation entre deux personnes, ce peut être un il et un elle, deux ils, deux elles, peu importe. Je me place à l’endroit où affleure l’inconscient afin d’approcher l’universalité de ce qui se joue entre les personnes. D’ailleurs, le spectateur peut tout imaginer : il s’agit peut-être d’un couple, de deux inconnus, du souvenir de l’un incarné par l’autre, de son miroir… Il n’y a pas de clé ni de réponse mais un questionnement qui pousse à nous interroger sur notre rapport aux autres. La mise en scène d’Anne Montfort s’appuie sur un décor minimal. Deux fauteuils sur lesquels sont assis les personnages, Anne-Gaëlle Jourdain dans le rôle d’Odile et Grégoire Tachnakian dans celui de Jacques, et juste derrière les acteurs, les musiciens, comme un double inconscient : Alice Piérot, aux violon et objets sonores, et moi-même aux objets sonores, claviers analogiques, percussions et voix, respectivement en duo avec Odile et Jacques. Notre quartet est ainsi composé de deux duos, une manière de continuer les mots par une exploration plus sonore.
Pourriez-vous préciser comment s’orchestrent texte et musique ?
En fait, le texte est le sens et le son. La question du son est au cœur de mon travail, avec une réflexion sur le théâtre musical. La seule partition, c’est le texte qui se trouve sur les pupitres et qui s’interprète comme un concert. On joue littéralement le texte, dans son rythme, ses répétitions, ses échos, ses accélérations, ses lenteurs, ses hésitations, ses caractéristiques bruitistes, ses onomatopées. Comme le support des voix et des instruments est celui des mots, on est dans le sens et parfois le son. Le texte est une matière proche de la poésie sonore et de la pièce musicale, sans hiérarchisation entre le son et le texte. Le son « signifie ». Ici, il n’y a pas d’habillage des textes par la musique, mais de l’immatériel qui s’incarne par le son. C’est un texte que j’ai écrit d’une traite, un matin, en pensant aux comédiens qui allaient le prendre en charge. Je me suis amusé avec la notion de l’absurde, toujours dans l’envie de bousculer les codes établis, les choses prémâchées, d’ouvrir les vannes, dans un théâtre qui tente d’enlever les masques.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI
Odile et Jacques (ou Jacques et Odile)
28 février et 1er mars
Le Zef, Marseille
04 91 11 19 20
lezef.org