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De mémoires et de luttes

Le 31 juillet s’est tenu le temps fort de la Journée Internationale des Femmes Africaines à la Friche Belle de Mai, une initiative qui s’est déroulée du 24 juillet au 3 août.

Le 31 juillet est la Journée Internationale des Femmes Africaines depuis 1974, une consécration qui a vu le jour grâce à Aoua Keïta, une sage-femme et femme politique malienne, le jour anniversaire du premier Congrès de l’Organisation Panafricaine des Femmes, ayant eu lieu en 1962 au Sénégal.
À Marseille, ville cosmopolite, c’est pourtant la première fois que la JIFA est célébrée… manque de moyens, explique Mialy Razakarivony, mais aussi d’un manque de reconnaissance ? C’est elle qui a pensé l’initiative aux côtés de ses consœurs, il y a quelques mois seulement. L’idée est alors de permettre aux femmes issues de la diaspora africaine à Marseille de se rassembler, de faire communauté, et surtout de les mettre en lumière.

« À nos ancêtres africains »

La soirée commence à 18h par une cérémonie spirituelle et collective guidée par Marisoa Ramonja, accompagnée d’un trio de percussions. Un rituel pour honorer les ancêtres africains et souhaiter la bienvenue en cette journée spéciale. Marisoa a tenu à rappeler une chose fondamentale : l’Afrique est un continent, pluriel et comptant un grand nombre de pays — qu’elle a pris le soin de nommer un à un. Puis Fatima Ahmed a chanté une berceuse comorienne, reprise en cœur par quelques femmes de l’assemblée et toutes les personnes qui se sentaient appelées à la reprendre.

À l’entrée des Grandes Tables des stands des associations Cap Vert Avenir et DMMC accueillent chaleureusement le public avec des pâtisseries orientales et capverdiennes. Plusieurs personnes portent leurs habits en tissu africain : l’ambiance est à la célébration et au partage.

Prendre la parole

S’ensuit une table ronde, essentielle, dédiée à la parole des femmes africaines, trop souvent amoindrie et invisibilisée. Un panel de femmes puissantes s’affiche devant l’audience : l’artiste plasticienne et visuelle Daja Do Rosario, Mathilde Ramos, fondatrice de l’association Couleur Terre, Thérèse Basse, entrepreneuse sociétale, à Belsunce avec le concept store « Carrefour du Monde » et Marisoa Ramonja, autrice et performeuse, animé par Jacqueline Corréa, coach en emploi-insertion.

© Karina Cabral

Avant que la discussion commence, Mathilde Ramos verse de l’eau à terre : pour se mettre en relation avec les ancêtres d’origine. L’échange se concentre autour des « Empreintes Africaines », celles qui ont été laissées et celles que l’on dépose à notre tour. Les quatre invitées ont toute une empreinte ancrée sur le territoire marseillais : Daja Da Rosario évoque sa démarche de création autour du tissage de matériaux naturels et de récupération (raphia, fil de fer, chutes de tissu, cuir), ses productions sont exposées pour décorer la salle. Marisoa Ramonja remémore des rituels autour des menstruations (« seul sang qui s’écoule naturellement »), du corps, mais aussi les questions liées à son métissage, à la maternité et à la mort. Thérèse Basse rappelle l’importance de la transmission des traditions, de l’héritage, de l’animisme. Elle répète que les empreintes sont aussi un geste simple envers son prochain. Mathilde Ramos invoque enfin son amour pour l’écriture dans laquelle elle entend laisser ses empreintes et celles du monde, notamment à travers le récit panafricain.

Un hommage est également rendu aux femmes qui les ont inspirées : les mères en premier lieu, dites utérines, mais aussi celle que l’on considère comme telles : les sœurs, les amies…

© Karina Cabral

Incarner la culture

La soirée s’est terminée par un défilé de Djivani Créations, entre tradition et modernité. Des vêtements traditionnels ont été présentés : des tenues de mariages comoriennes, ou revisités avec les tissus comoriens, de grands drapés aux couleurs chaudes, faits de pièces de kanga ou des chemises maouwa, sont venues compléter le tableaux.

Puis un concert inédit fait se rencontrer trois cultures : amazighe (Algérie), sérère (Sénégal) et maloya (Réunion). Très vite, l’énergie féminine a embarqué les Grandes Tables de la Friche, portée par un chant berbère — à la fois berceuse et cri de lutte.

LILLI BERTON FOUCHET

La série d’évènements autour de la Journée Internationale des Femmes Africaines s’est déroulée du 21 juillet au 3 août dans divers lieux à Marseille.

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