Des enfants jouent au foot. Le ballon est envoyé vers une luxueuse voiture aux vitres teintées. Dans le véhicule, on parle transfert, signature, contrat et argent. La première séquence du film de Camille Perton pose clairement les enjeux : le football, l’argent, la loyauté, la trahison.
C’est l’anniversaire de Brahim (Iliès Kadri), le fils ainé de la famille Cherki qui le lui fête dans la joie. Il a 18 ans, il est avant-centre, il a été repéré au centre de formation de Lyon : c’est le moment de signer son premier contrat professionnel, ce dont s’occupe activement son manager et cousin Mehdi (Sofian Khammes) qui le suit depuis quatre ans.
Les clubs pratiquent le trading, achetant les premiers contrats avec primes démesurées à la signature. C’est dans les coulisses de ces tractations attirant des intermédiaires aux statuts plus ou moins flous, parfois prêts à tout, que nous plonge la cinéaste. Elle a passé trois mois dans un centre de formation, y a rencontré de jeunes joueurs, mis en concurrence, y résistant ou pas.
Une attraction vénéneuse
Brahim, taiseux, visage où se lit tour à tour l’espoir, la déception, se pose beaucoup de questions. Il va peu à peu comprendre les enjeux de ce monde et prendre son destin en main. Son club lui préfère un autre joueur, soutenu par un intermédiaire colombien, Francis (Edgar Ramirez), un personnage trouble, qui rêve de mettre la main sur Brahim et de devenir son manager, supplantant Mehdi.
Invitations dans des endroits luxueux, conversations sur son yacht… Il exerce sur lui une attraction vénéneuse. Brahim résistera-t-il aux sirènes de l’argent, lui qui rêve de pouvoir construire pour sa famille une somptueuse maison sur un terrain qui n’est pas constructible. À moins que…
C’est le chemin plein de risques de ce jeune footballer que propose Camille Berton, entre rêves, désir et sordide réalité du fric. Un film aux plans lumineux d’abord, qui s’assombrit peu à peu : une ambiance de film noir, comme le piège qui se referme peu à peu sur le jeune joueur. Un beau travail du directeur de la photo Martin Roux.
Ne filmant jamais les matchs même si, dit-elle, le jeu est magnifique : « la messe des temps modernes » selon Pasolini, un auteur qu’elle aime par-dessus tout, la cinéaste plonge au fond des arènes cachées dont on n’entend parler qu’en certaines occasions… à découvrir, même si l’on n’aime pas spécialement le football.
ANNIE GAVA
Les Arènes, de Camille Perton
En salles le 7 mai