mardi 2 juillet 2024
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Des fourches contre des canons

Malte Schwind met en scène la première révolution sociale de la modernité, celle de paysans allemands réduits au servage puis massacrés en 1525

Ce n’est pas rien lorsque l’on a une vingtaine d’années de se mettre dans la peau de femmes et d’hommes abrutis de travail, vivant dans la peur des seigneurs. C’est pourtant la proposition de Malte Schwind, metteur en scène dont on connaît l’exigence depuis ses Métamorphoses d’Ovide en 2022. Avec son complice Arnaud Maïsetti, maître de conférences à Aix, qui a rédigé les textes, il met en scène les paysans opprimés qui se révoltent, demandent justice et égalité, conquis par les prêches de Thomas Müntzer qui, d’abord soutien de Luther, était devenu son adversaire : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et les riches ».

Après vingt jours de répétition acharnée, le spectacle est là, vivant, sobre et violent. Dans un espace presque vide, les étudiant.e.s des Arts de la scène de l’Université Aix-Marseille (15 comédiennes et 2 comédiens) évoluent avec force et confiance dans les costumes et décor qu’ils ont fabriqués.

Violence des actions et scènes burlesques : le contraste donne un rythme bienvenu.  Malgré la noirceur, on rit beaucoup avec des passages joués sur des tréteaux, qui ridiculisent le pouvoir avec truculence. À l’opposé, les références à la peinture religieuse dominent avec l’évocation du travail des artistes de l’époque qui montrent un Christ en croix ou au tombeau, chairs décomposées, regard vide. Comme celui du Retable de Grünewald. A-t-il-lui-même fait partie de ces révoltés, conspirateurs du « Soulier à lacets » qu’ils peignent sur leurs étendards ?

CHRIS BOURGUE

Omnia sunt communia (Toutes les choses sont communes) s’est donné salle Seïta à la Friche, du 24 au 27 avril
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