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AccueilÀ la Une"Des Preuves d'amour" : deux mères et un couffin

« Des Preuves d’amour » : deux mères et un couffin

En avant-première aux Variétés, le 7 juin, dans le cadre de la reprise de la Semaine de la Critique cannoise, Alice Douard présente son premier long métrage

Le 23 avril 2013, le parlement adopte par 331 voix contre 225, la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, promulguée le 17 mai suivant. C’est sur cette archive sonore que s’affiche le générique initial du premier long métrage d’Alice Douard, Des Preuves d’amour.

Si cette reconnaissance officielle du droit à la famille pour tous, marque une étape décisive pour beaucoup d’homosexuels, elle ne leur évite pas tous les écueils discriminatoires dans leurs démarches pour fonder un foyer.

On est au printemps 2014. A Paris. Céline (Ella Rumpf) et Nadia (Mona Chokri) se sont mariées et attendent leur premier enfant conçu par PMA au Danemark – la PMA ne sera autorisée en France qu’en 2021. C’est Nadia, 37 ans, qui porte le bébé. Céline, plus jeune, portera le deuxième, elles se le sont promis. Nadia est dentiste. Céline DJ. Elles s’aiment et partagent l’expérience de cette gestation comme tous les parents. Entre échographies, séances de préparation à l’accouchement, discussions avec ceux qui sont passés par là, elles s’émerveillent, s’angoissent, doutent … Attendre un enfant est une aventure banale et extraordinaire ! Universelle et unique. Nadia ne rentre plus dans ses vêtements, panique devant les difficultés professionnelles et financières que sa maternité va générer mais garde son humour et sa radieuse solidité. Céline, dont on épouse le point de vue, plus fragile, plus grave et sans lien génétique avec sa fille à naître, doit trouver sa place et sa légitimité.

Nourri par l’expérience de la réalisatrice, dont le court métrage césarisé L’Attente abordait déjà le sujet, le film suit la grossesse de Nadia et les étapes de la constitution du dossier. Il sera soumis à la décision du juge des affaires familiales qui permettra à Céline d’adopter le bébé. Il va falloir donner « des preuves d’amour », collecter photos et témoignages des  parents et amis – en veillant à ne pas choisir que des copines lesbiennes (sic). Il s’agira d’ attester de la solidité du couple, de sa capacité à accueillir l’enfant.

La preuve par trois

Sans taire l’homophobie et les préjugés, se moquant des maladresses des hétéros (qui sentent le vécu) , Alice Douard ne réduira jamais son film à une dénonciation. Il sera lumineux, bienveillant et joyeux. Le parcours administratif et médical, émaillé de vraies scènes comiques, s’associe à un cheminement plus intime. Plus particulièrement pour Céline. Sur le point de devenir mère, la jeune femme est confrontée à sa propre enfance, marquée par la mort de son père, l’absence de sa « mauvaise » mère (impeccable Noémie Lvovsky), pianiste internationale qui a placé sa carrière avant sa maternité. Mère et fille, musiciennes dans des registres différents, si loin, si proches. La pulsation techno, tout comme les envolées de Chopin et de Beethoven, se font écho de cet élan d’amour, de confiance, au-delà du chaos profond que chacune porte en elle. Les actrices, selon le vœu de la réalisatrice, existent aussi bien indépendamment qu’ensemble dans une indéniable alchimie.

 Alice Douard voulait « un film populaire et fédérateur » et c’est réussi !

Quand, après l’accouchement et une dernière hésitation à l’image, entre flou et net, Nadia et Céline, mères ravies et apaisées, se retrouvent dans le même plan, leur petite fille contre la peau de Céline, la preuve par trois est évidence.

ELISE PADOVANI

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