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AccueilÀ la Une"Deux Sœurs" : Entre rires et larmes

« Deux Sœurs » : Entre rires et larmes

Avec Deux Sœurs, Mike Leigh revient à la tragicomédie familiale. Un retour aux sources réussi pour le réalisateur britannique

54 ans après Bleak Moment (Léopard d’or en 1971), plus de 30 ans après Naked (prix de la mise en scène à Cannes en 1993) et Secrets et mensonges (Palme d’or 1996), Mike Leigh fait l’actualité. Rétrospective à la Cinémathèque et sortie de son dernier film : Deux Sœurs (Hard Truths) dans lequel, une fois de plus, le réalisateur octogénaire explore ce que la spécialiste du cinéma britannique, Anne-Lise Marin-Lamellet, appelle « la psychopathologie de la vie quotidienne ».

Le film nous transporte en banlieue pavillonnaire, dans une famille noire londonienne, et la durée de l’action n’excèdera pas quelques jours. Pansy (Marianne Jean-Baptiste) vit dans une petite maison « moderne » aseptisée : petit carré nu de pelouse rase entouré de palissades, intérieur briqué, à la déco formatée. Un ordre domestique contre le chaos intérieur de Pansy qui a la phobie de la saleté et ne cesse d’éructer sur le monde et les gens. En premier lieu sur son fils Moses (Tuwaine Barett), obèse, désœuvré, triste, mutique, et sur Curtley (David Webber) son mari plombier qui la laisse crier sans jamais rien lui opposer. Pansy est en colère. Toujours. Contre tout, contre tous·tes. Elle hurle sa rage et sa douleur. L’univers lui semble hostile et, si elle ne rit jamais, son agressivité nourrie par un verbe imagé, génère des scènes hilarantes.

Une histoire de profondeur

Chantelle (Michele Austin) est sa sœur cadette et son contraire. Rieuse, empathique, dynamique, patiente. Elle vit seule avec ses deux filles, dans un appartement chaleureux qui s’ouvre sur le parc et le chant des oiseaux. Elle est coiffeuse, à l’écoute de ses clientes et de Pansy qu’elle aime mais ne comprend pas. Ces deux-là vont se retrouver à l’occasion de la fête des mères sur la tombe de la leur, malgré les tergiversations de Pansy. On comprend en quelques mots que l’enfance sans père n’a pas été simple, que Pansy s’est sentie malaimée, s’est occupée de Chantelle la « préférée » après le décès de la mère, qu’il y a eu un traumatisme. Mais rien ne sera ni exposé, ni résolu. Si Pansy finit par éclater de rire lors du repas familial organisé par Chantelle, ce sera un rire-sanglots, de ceux dont on ne sait plus ce qu’ils signifient, ni sur quoi ils se fondent. « Ce qui importe, dit Mike Leigh, c’est la profondeur de ce qui se joue », qui trouve écho dans la sonorité feutrée de la viole d’amour choisie pour la BO par Gary Yershon.

Film court, à budget limité, Deux Sœurs est encore une fois un exemple réussi de la méthode Leigh : les personnages se créent en amont du scénario en collaboration avec les acteurs·rices, les répétitions nombreuses débutent bien avant le tournage qui repose sur un rapport « organique » entre le personnage et son environnement. Marianne Jean-Baptiste, qui incarnait Hortense Cumberbatch dans Secrets et Mensonges, est prodigieuse.

ELISE PADOVANI

Deux sœurs, de Mike Leigh

En salles le 2 avril

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