jeudi 25 avril 2024
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Duo de choc

Karine Deshayes et Delphine Haidan ont fait merveille avec leur récital à deux voix

La joie de Karine Deshayes et de sa complice Delphine Haidan est tangible dès leur entrée sur scène. Ces récitals donnés en compagnie de cette amie de longue date, avec laquelle elle a signé en 2020 un enregistrement délicieux, constituent-ils pour la mezzo-soprano très en vogue un espace de liberté inédit ? Deux concerts en duo avec Delphine Haidan ont précédé puis succédé à trois représentations mouvementées d’Elisabeth, reine d’Angleterre, sommet belcantiste signé Rossini et donné à l’Opéra de Marseille. Karine Deshayes tenait, dans cette maison qu’elle fréquente de plus en plus, le rôle-titre. Et si ce registre opératique est demeuré présent sur ce récital à deux voix, c’est toujours avec une joie du (sur)jeu communicative. 

Gustav et fiel 
Les extraits des Noces de Figaro, mais aussi du Séramide de Rossini ont su mettre en valeur l’agilité de cette voix claire, souple et pleine. Talonnée par le timbre plus chaud, plus caverneux également de Delphine Haidan, la mezzo-soprano s’impose sur des aigus constants, sait tripler de volume comme attaquer pianissimo des phrases à rallonge. Elle sait également se faire Carmen vaudevillesque sur Delibes et ses Filles de Cadix. Mais c’est peut-être sur Brahms, et sur ses duos d’une facture admirable, qu’elle semble s’épanouir le plus. À moins que ce ne soit par Delphine Haidan que l’on soit finalement séduite : et tout particulièrement sur Die Stille Stadt, lied assez terrassant d’une Alma Mahler qui se fit rare sur la scène musicale. Et pour cause ! Son mari – Gustav – lui ayant interdit d’embrasser la même carrière que lui sous peine de lui refuser le mariage. Remarquablement à l’écoute des intentions et interprétations de ses partenaires, le pianiste Dominique Plancade impressionne également. Sur la paraphrase ginsburgienne de la cavatine deFigaro, il révèle des trésors de technique et de musicalité, sublimés par un sens certain du théâtre. Un beau résumé, en somme, d’un récital ne se prenant jamais au sérieux malgré ses immenses qualités.

SUZANNE CANESSA

Concert donné le 15 novembre à l’Auditorium de la Timone par la Société Marseillaise de Musique de Chambre
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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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