Dans ce jardin public à quelques pas de la Corniche, un piano à queue attend sous un ciel très bleu que l’assemblée s’assagisse. Sous les doigts de Caroline Boirot, pour les sopranos Brigitte Peyré et Muriel Tomao, il s’apprête à retentir de toutes ses cordes frappées dans l’espace, de concert avec le son des vagues non loin de-là, et des gabians qu’il effraie un chouïa.
En cette belle fin d’après-midi, le trio a prévu un programme paritaire choisi non pas seulement pour sa beauté, mais aussi pour l’invisibilisation dont souffre une grande partie de ses compositrices. Lili Boulanger, Mel Bonis, Clara Schumann, Alma Mahler… Autant de répertoires illustres mais malheureusement oubliés dans l’histoire de la musique.
C’est ainsi l’occasion, pour beaucoup des spectateurs de tous âges qui se sont rassemblés au jardin de Benedetti, de les découvrir, en compagnie de confrères dont la renommée s’est – étonnamment – moins érodée, comme Camille Saint-Saëns, Richard Strauss et Gabriel Fauré.
De polyphonies enchantées en aiguës plaisants, le lyrique duo Peyré-Tomao se balade sur ce répertoire en allemand, espagnol, français, entre lesquelles chansons les liaisons sont assurées en poésie par quelque traduction de leurs paroles.
Citons en particulier l’œuvre-titre Rêvons, c’est l’heure !, mélodie composée par Jules Massenet sur un poème de Verlaine, berceuse des moins endormantes mais des plus reposantes, et le duo final écrit par Alma Mahler, comme des éclats de rires en musique. Mentionnons aussi le brillant piano de Caroline Boirot, roulant sur Strauss, sautillant sur Brahms, étincelant sur Chaminade.
GABRIELLE SAUVIAT
Un spectacle donné le 9 juillet au Jardin de Benedetti et le 10 juillet au Musée d’Histoire de Marseille.
À venir
27 août au Jardin Labadie.
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