On a tous entendu parler de la méthode Montessori, un système éducatif centré sur l’enfant qui apprend à son propre rythme. On connait moins peut-être son initiatrice et fondatrice, Maria Montessori à qui Léa Todorov consacre son film La nouvelle femme, choisissant de nous faire partager ses années d’expérimentation auprès d’enfants neuro-atypiques, communément appelés à son époque « idiots » ou déficients. La cinéaste qui s’est abondamment documentée sur Maria, a choisi de créer un personnage fictif, une cocotte parisienne, Lili d’Alengy (superbement interprétée par Leïla Bekhti) qui va nous servir de guide.
Lili est au faite de sa gloire. Elle cache sa fille, Tina, qui n’est pas comme les autres et qu’elle ne peut même pas supporter de regarder. Craignant pour sa réputation et sa carrière, elle décide de l’emmener à Rome et de la placer dans un institut. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Maria (Jasmine Trinca) et approche un monde qu’elle rejette, d’abord. Un endroit où on s’occupe de ces enfants différents : avec elle, on découvre les bains et les soins qui les calment, les jeux qui les socialisent, la musique qui les fait danser, les leçons qui les font avancer, les progrès constatés par l’élite scientifique masculine. Des séquences très émouvantes tournées avec des enfants neuro-atypiques. « C’était aussi l’idée politique du tournage, de faire se rencontrer une équipe de cinéma et ce groupe d’enfants. Tout le monde a vite réalisé qu’il n’y avait pas besoin d’être spécialisé pour être en lien, qu’il suffisait au contraire d’être dans le travail, dans l’exigence », explique la réalisatrice.
Affirmer sa place
Tina, incarnée par la bouleversante Rafaelle Sonneville-Caby, fait des progrès et peu à peu, Lili d’Alengy prend conscience que sa fille est un être humain. Elle se rapproche aussi de Maria qui lui confie son secret : un enfant né hors mariage, qu’elle a eu avec son collègue médecin Giuseppe Montesano (Raffaele Esposito) et qu’elle a été obligée de placer en nourrice à la campagne pour pouvoir exercer. En ce début de siècle, être femme médecin est loin d’être évident. Lily va l’introduire dans le monde des puissants : pour être libre, une femme doit être riche ! Car « peut-on vraiment confier son destin à un sentiment aussi inconstant que l’amour ? »Avec l’aide de Betsy (Nancy Huston) une femme puissante, Maria va pouvoir « révolutionner l’école et libérer l’enfance ».
Une mise en scène classique, des décors soignés, des plans superbement éclairés participent à la réussite de ce film dont le titre La nouvelle femme vient de l’expression utilisée par les historiens pour désigner les femmes féministes, éduquées et indépendantes de 1900 qui affirmaient une place dans la société par le savoir. Si Maria Montessori a ouvert la voie aux générations qui ont suivi, beaucoup reste encore à faire dans le domaine de la condition féminine comme dans celui de l’éducation !
ANNIE GAVA
La Nouvelle Femme, de Léa Todorov
En salles le 13 mars