Peut-on imaginer un acte aussi universel, et pourtant si culturellement marqué que celui de manger ? Celui de cuisinier, peut-être. Temps fort de la saison de la Scène nationale de Cavaillon depuis trois ans, le Festival Confit ! propose, du 20 au 25 mai, de réfléchir aux enjeux culturels et politiques de la nourriture.
Qui dit pratique culturelle dit héritage, qu’il soit traditionnel ou familial. Le festival dédie donc une grande partie de sa programmation à cette thématique avec différentes performances cuisinées. En ouverture, le 20 mai, Histoires de manger : apéro zakouski de Tatiana Spivakova et Maly Diallo plante le décor et surtout les enjeux présents en filigrane tout au long du festival : transmission, dominations sociales, et récits de vie liés à l’alimentation.
Avec Freekeh, Hiba Najem invite le public dans les campagnes du Sud du Liban pour un rituel culinaire et funéraire (du 23 au 24). Anissa Aou évoque le lien familial, celui au père absent plus précisément, à travers la pratique de la pâtisserie. Dans, Au non du père d’Ahmed Madani (présent avec elle sur scène), elle retrace son voyage sur les traces de ce paternel qui ne l’a jamais reconnue, le tout en préparant un dessert (les 22 et 23). Enfin, avec un arpentage collectif de Mangeuses de Lauren Malka, le festival propose d’analyser la manière dont la culture occidentale dicte la relation des femmes à l’alimentation (le 24).
Questionner les produits
Interroger les modes d’alimentation nécessite également de réfléchir aux modes de production des aliments que nous consommons, aux impérialismes qui ont permis de faire venir les tomates dans les assiettes européennes, à l’exploitation esclavagiste puis post-coloniale qui nous permet de boire du café. Ce sont ces dominations qu’analysent Eva Doumbia et sa compagnie La Part du Pauvre/Nana Triban dans Autophagies, une performance documentaire qui allie théâtre, musique, danse, vidéo, et bien sûr cuisine (20 et 21). Le 22, le cuisinier et comédien Alexandre Bella Ola, qui participe aussi à Autophagies, s’empare en solo de la question coloniale avec la conférence cuisinée Le voyage des ingrédients, un regard noir.
La question de la production renvoie aussi évidemment à ses enjeux environnementaux. Une problématique explorée par Sien Vanmaele – remplacée sur la durée du festival par la comédienne Annelotte van Aarst – dans son Repas de Mer, une sorte de quête gastronomique dans laquelle elle imagine différentes recettes à partir d’algues et autres produits marins, inspirées par ses rencontres avec des producteur·ice·s en milieu salin (en néerlandais surtitré, du 23 au 25).
CHLOÉ MACAIRE
Festival Confit !
Du 20 au 25 mai
La Garance, scène nationale de Cavaillon
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