Un refuge de montagne, percé en son centre par un sommet rocheux. Six personnages, vêtus de vêtements de randonnée d’un autre temps, accèdent à l’abri par une sorte de grand monte-plat ou de petit ascenseur, venant d’on ne sait où. Ils parlent anglais, français, allemand, italien. Un accordéon, des chansons, d’étranges conversations… Il est difficile de décrire Le Sommet, création 2025 de Christoph Marthaler autrement que par une accumulation descriptive, car aucun enjeu n’est suggéré, sinon une esthétique insensée.
On ne sait pas où se trouve ce chalet, sur quel sommet, ou à quelle époque. On ne sait pas non plus si les personnages se connaissent, ni même s’ils se comprennent réellement – l’absence de surtitres à certains moments semble indiquer le contraire. Les dialogues insensés se succèdent, renforçant ce flou autour de leurs relations. Une discussion sur leurs vacances respectives dans un même village suggère qu’ils se connaissent, une autre conversation semble indiquer qu’un des hommes doit assurer la sécurité des autres en montagne, mais aucune de ces pistes n’est jamais explorée.
Le nonsense comme système
De manière générale, il n’y a aucune narration dans cette pièce qui ressemble à une succession de sketchs, à des variations autour d’une situation donnée et déjà étrange en elle-même. Des bâtons de ski arrivent par l’ascenseur, tous se lancent dans un cours de ski en intérieur. La borne d’appel d’urgence court-circuite, provoquant une chaleur d’enfer dans le refuge. Qu’à cela ne tienne, celui-ci se transforme en immense sauna, et les comédien•nes quittent leurs vêtements de montagne pour se couvrir de serviettes de bain. Alors qu’ils sont sommés de ne pas sortir à cause des intempéries, l’un est pris d’une envie pressante et décide sans que cela ne pose problème à personne de prendre l’ascenseur pour aller uriner à l’extérieur…
Les personnages semblent participer à un grand exercice d’improvisation dans un environnement complètement adaptable. Toutes les situations les plus farfelues semblent possible, et donc rien ne peut réellement étonner le spectateur. L’effet de surprise produit par les évènements au début de la pièce – les arrivées d’objets aléatoires par l’ascenseur, les changements de costumes…- s’épuise peu à peu, jusqu’à disparaître complètement. Alors, lorsqu’un haut parleur annonce que suite aux intempéries il est interdit de pénétrer dans la vallée « pour les 15 à 18 prochaines années », on espère juste ne pas rester bloqué au Sommet avec eux.
CHLOÉ MACAIRE
Jusqu’au 17 juillet
La FabricA, Avignon
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