« C’est moi Gaby maman, c’est moi, je suis revenu, je ne pensais jamais te revoir ». C’est par ces mots que Gabriel entame son récit. Il a 33 ans, vit en France et rêve tous les soirs à son pays de naissance qu’il a dû quitter suite aux massacres de 1994, alors qu’il est âgé d’une dizaine d’années. La voix de Kaya Byinshii, accompagnée par Jean-Patient Akayezu à l’inanga (instrument de musique rwandais) et de Samuel Kamanzi à la guitare, rythme cet intense témoignage où se mêle géopolitique et rêves d’enfant.
Les costumes travaillés par le couturier Moses Turahirwa s’inspirent de l’art imimongo, art décoratif traditionnel constitué de motifs géométriques colorés ou en noir et blanc, un temps en péril suite au conflit. « Nous voulions montrer comment les gens s’habillaient à l’époque, comment ils se coiffaient. Il s’agit de faire ré-émerger la mémoire d’un mode de vie et de lui rendre un espace de dignité », explique l’opératrice culturelle rwandaise Dina Nibagwire.
Ce spectacle, créé pour être joué en itinérance dans les collines rwandaises, s’attache à une scénographie très épurée, mais épouse les décors évoqués par le roman, dans une harmonie joyeuse entre le public et la scène.
Joie des retrouvailles pour mieux parler des séparations, la pièce se clôt sur une image terrible, les dix comédiens au plateau, balai traditionnel en tiges de sorgho ou de coco, chassent le sol, comme pour évoquer l’horreur qui a sévi sur ce territoire.
MICHÈLE GIQUIAUD
Gahugu Gato a étédonné du 17 au 22 juillet au Cloître des Célestins, Avignon
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