Zébuline. Pourquoi avoir choisi spécialement ce chanteur qui n’est pas de votre génération ?
Grégory Montel. Mon père écoutait beaucoup Nougaro, cela a bercé mon enfance. J’ai d’abord aimé sa voix, puis ses textes à la forte tension poétique et sa musique très jazzy. Je l’ai souvent vu en concert. Un jour, j’ai rencontré Lionel Suarez qui l’a accompagné sur scène et dans des enregistrements. C’est un immense musicien. Nous avons communiqué notre passion commune et notre enthousiasme à Charif Ghattas, auteur et metteur en scène. Peu à peu, un projet a germé et Charif s’est mis à l’écriture. Puis nous avons imaginé la mise en scène ensemble.
Mais le personnage que vous incarnez n’est pas Nougaro.
En effet. Charif a imaginé un sosie quadragénaire, fasciné par le chanteur qui rêve de l’incarner au cinéma. Je joue ce personnage, Mathias, qui rêve de gloire, mais qui a une fragilité. Il est avalé par Nougaro. C’est une sorte de gilet jaune artiste. Il est aux abois et cherche à se faire entendre par tous les moyens.
Est-ce que vous chantez dans le spectacle ?
Il y a quelques chansons mais aussi quelques surprises…
Natif de Digne, vous avez fait des études de droit à Aix-en-Provence, puis à Paris. Comment vous êtes-vous retrouvé au Cours Florent ?
Quand j’étais au collège, ma prof de français nous faisait faire du théâtre. J’ai joué Chérubin dans Le Mariage de Figaro. J’ai eu un déclic, mais je n’aurais jamais pu dire à mes parents que je voulais faire du théâtre. Mon grand-père était paysan ! Arrivé à Paris, je me suis lancé et j’ai suivi le Cours Florent pendant trois ans. Là, j’ai rencontré un étudiant qui commençait à écrire des pièces de théâtre. C’était Charif Ghattas. D’origine libanaise, il faisait ses études à Paris. Il m’a engagé et le spectacle a tourné en 2004. Après j’ai fait beaucoup de télévision, puis du cinéma dont L’air de rien en 2012.
Mais plus de théâtre ?
En effet, tout s’est enchainé très vite. Et donc, avec Ici Nougaro, c’est un grand retour dont je suis très heureux, vingt ans après ma première pièce. Un hommage à cet artiste passionné et fascinant qui avait un côté torturé. Un grand musicien de jazz. Un homme proche des gens.
L’affiche vous montre avec des gants de boxe rouges dans une attitude combative. Pourquoi cette image ?
Ça vient d’un cliché de Nougaro lors d’une séance de photos dans les années 1980. Elle symbolise le combat de Mathias pour réaliser son rêve et fait référence à la célèbre chanson Quatre boules de cuir de 1968. Cela souligne aussi la pugnacité de Nougaro.
Parlez-nous de vos projets.
Il y a une nouvelle série américaine tournée à Marseille qui sera diffusée sur Netflix. Elle s’appelle Transatlantique et met en lumière le rôle de Varian Fry, cet américain grâce auquel des milliers de juifs, d’artistes et d’intellectuels ont été sauvés de la fureur criminelle nazie. Et aussi un film sur Arte auquel je tiens beaucoup, Les enchantés, dans lequel je tiens le rôle du père d’une enfant handicapée. Sa date de sortie n’est pas encore précisée. Les spectacles s’enchainent, j’en profite.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR CHRIS BOURGUE
Lire ici notre critique sur Ici Nougaro
Ici Nougaro
Jusqu’au 28 janvier
Théâtre des Bernardines
Marseille
08 2013 2013
lestheatres.net