Le génocide des Tziganes par les nazis n’a été reconnu que le 2 février 2011 par l’Union européenne. Michel Ficetola, historien d’ascendance tzigane, a choisi la date du 3 février pour le vernissage de l’exposition commémorative sur la Canebière à Marseille. « Quand on parle de Tziganes, explique-t-il, on désigne un ensemble de quatre communautés ethniques : le Rom (de l’Est), le Gitan (espagnol surtout), le Manouche (du Nord) et le Sinté (en Italie) qui ont subi le génocide au niveau international. » Il y aurait eu entre 250 000 et 500 000 victimes, dont « on ne parle jamais » s’exclame l’historien.
Michel Laffaille expose L’Âme Gitane, une série de photos du « pèlerinage des Gitans » aux Saintes Maries, regroupement durant lequel les gitans emmènent la Vierge Noire dans la mer. Une série en noir et blanc, au plus proche des rites, et de l’ambiance de ce rendez-vous singulier. Sacha Zanko reconnaît mêmes es cousines dans une photo datant de 1970 ! Tzigane, co-auteur de l’exposition, il a toute sa vie défendu « la cause » et présente son livre La Bible des Roms, qui raconte son histoire et celle des siens : « j’y dis tout, tout, tout », déclare-t-il, ému.
Reconnaître enfin
Sur les murs des poèmes, des chansons, des photographies, des documents officiels, des portraits de personnalités d’origine tzigane telles que Maradona, Charlie Chaplin ou Elvis Presley. Des panneaux contextualisent l’arrivée des Allemands à Marseille et la rafle de tout un quartier dans l’ancienne Joliette. Les visiteurs prennent connaissance chronologiquement, depuis 1912, de ces vies souvent oubliées par l’Histoire.
Mais les trois auteurs ont réalisé un travail de mémoire qui s’inscrit dans le cadre d’une lutte actuelle pour leur condition d’existence. Aujourd’hui, la population tzigane reste largement discriminée : très minoritairement nomade, elle vit encore dans des habitats précaires et nombre d’enfants ne sont pas scolarisés. Une communauté tzigane nombreuse vit à Marseille, et réclame, entre autres, d’installer une stèle au cimetière Saint-Pierre, et d’enseigner le génocide dans les écoles.
LILLI BERTON FOUCHET
L’exposition s’est tenue à la Maison des Associations à Marseille, du 3 au 15 février.