Zébuline. Quelle identité s’est forgée le CCN depuis votre arrivée ?
Christian Rizzo : C’est un lieu où la question du chorégraphique est intimement liée à la création, à la formation et à l’expérimentation. Cette notion du chorégraphique est approchée comme une question, jamais comme une affirmation. Et ce à travers les invitations d’artistes, les présences des publics, les expositions… À mon arrivée, j’avais d’ailleurs sous-titré le projet : « Où se loge le chorégraphique ? ».
Quelle est la place du public dans cette démarche ?
Il s’agissait de relier dans un seul et même mouvement le fait d’être spectateur d’une œuvre de création, témoin du déploiement d’une recherche d’un artiste, et pratiquant. Le public est invité à devenir un usager multiple du centre chorégraphique plutôt que seulement convié en tant que spectateur-client. Les artistes viennent présenter des œuvres et partager des processus aussi bien qu’une pratique. Il me semble important d’établir une non-hiérarchie des savoirs qui sont échangés.
Certains spectateurs regrettent de ne pas assez voir votre travail de chorégraphe à Montpellier, que leur répondez-vous ?
J’ai quand même réussi à présenter toutes mes pièces à Montpellier ! Je suis tributaire des lieux qui programment car je produis des formes assez grandes nécessitant de grands plateaux, comme celui du Domaine d’O. Le CCN n’est ma maison, je ne suis pas directeur d’un lieu de diffusion pour moi-même, je mets surtout mon énergie à inviter d’autres artistes. L’an dernier, j’avais présenté en ouverture de saison un double duo danseur-musicien, un impromptu d’une petite demi-heure qui s’est depuis transformé en une pièce, dont j’ai fait récemment la création : Je vais t’écrire. J’espère pouvoir la montrer à Montpellier. Créée au festival d’Avignon en 2012, le solo pour Kerem Gelebek Sakinan Göze Çöp Batar sera bientôt rejoué dans le cadre de la Biennale des arts de la scène en Méditerranée (les 22 et 23 novembre au Théâtre Jean Vilar).
Où en sont vos relations avec Montpellier Danse, qu’on dit parfois tendues ?
J’aime beaucoup l’idée que nos deux structures, très différentes, apportent chacune son regard et son état du monde. En novembre, nous accueillons ensemble Faire fleurir la création de Nicolas Fayol (les 9 et 10 novembre), qui est aussi une coproduction ICI-CCN. D’ailleurs, nous sommes coproducteurs de nombreux projets présentés dans le cadre du festival Montpellier Danse. En tant que lieu de création, le travail du centre chorégraphique se fait beaucoup dans l’invisible. Grâce à la formation et au master EXERCE, nous avons pu accompagner des artistes venus du monde entier dont plus d’une douzaine vivent et travaillent aujourd’hui depuis Montpellier. Cela prouve à quel point cette nouvelle génération de chorégraphes vient nourrir le paysage chorégraphique régional. C’est une aventure incroyable !
Propos recueillis par ALICE ROLLAND
*ICI : Institut chorégraphique international
ICI-CCN, Montpellier
04 67 60 06 70
ici-ccn.com