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Incendies d’hiver

Los Angeles brûle, Hollywood, emportant notre imaginaire largement colonisé par les marques, les sons, les séries américaines, si bien qu’on voit un peu de nous-mêmes partir en fumée dans un incendie d’hiver qui n’a plus de fin. Comme un Joker sortant de sa boite à ressort Trump parle de « canular climatique » et relance les énergies fossiles, alors que le vent attise les braises et que les nappes phréatiques sont à sec. 

L’incendie se propage plus vite encore dans les esprits que dans la cité des anges.  Zuckerberg rejoint Musk dans l’entreprise libertarienne, se préparant à étouffer les esprits plus sûrement que dans un sac plastique. La toile, lentement, enserre et anesthésie notre matière grise, pour lui injecter des overdoses de mensonge et de haine.

Défendre nos archipels

Plus loin dans l’Océan indien Mayotte se noie dans le déni. Le cyclone puis la tempête qui se sont abattus sur le département français sont directement dus au réchauffement de la surface marine, les tourbillons se rechargeant par l’évaporation d’une eau à plus de 30°. Peu importe, les responsables désignés sont les étrangers clandestins, les Comoriens des îles voisines, et non le changement climatique, ou les intérêts de la France dans le Canal du Mozambique qui l’ont amenée à garder la colonie, à faire une exception au droit du sol, à envoyer ses barbouzes (souvenez-vous de Bob Denard !) renverser les gouvernements des Comores libérées. Sans jamais construire les équipements minimaux à Mayotte, rebaptisé « l’archipel mahorais » pour mieux nier qu’elle appartient, géographiquement, historiquement, culturellement, à l’archipel comorien. 

Condamné à maintes reprises par l’ONU, la France a maintenu sa politique coloniale, et Bruno Retailleau, Manuel Valls, Estelle Youssoufa, Marine Le Pen trouvé leur prétexte lointain pour remettre en cause le principe même de la citoyenneté française, depuis une île déchirée. 

Opposer nos arts

C’est pourtant à partir des îles que s’est déployée la pensée archipélique, faite d’hybridation des cultures, des terres, des mers, des héritages. Faite « d ‘ambigu, de fragile, de dérivé » comme l’a théorisé Edouard Glissant. Grâce à elle, nous pouvons opposer à ces incendies la force de nos imaginaires et de nos luttes, la fraternité de notre devise, la liberté de créer sans le jugement truqué et tronqué des algorithmes, le pluralisme d’une presse indépendante des intérêts capitalistes, la beauté de la marge, de la germination, de l’intime. 

Rien de mieux, pour cela, qu’un tour à Avignon pour voir Catarina et la beauté de tuer des fascistes. Ou dans les bibliothèques marseillaises pour ressentir l’exil. Sur les scènes, partout. Et si l’incendie d’hiver les détruit, nous les reconstruirons.

AGNES FRESCHEL

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