Depuis près de vingt ans à Marseille, Films Femmes Méditerranée affirme que le cinéma des femmes existe, et qu’il a en Méditerranée une force et une actualité particulières. Qu’il est résistant, émouvant, drôle, solidaire, du côté des victimes de l’histoire, de la jeunesse et des résiliences à construire.
La programmation 2023 le confirme en mettant à l’honneur Sarah Maldoror. La cinéaste, qui a fondé dans les années 1950 la première compagnie de théâtre noire « pour en finir avec les rôles de de servantes », a travaillé à écrire une histoire noire et décoloniale avec ses amis Senghor, Glissant et Césaire, mais en affirmant aussi qu’il fallait filmer les femmes. Son film Sambizanga (1973) qui retrace un amour en contexte de répression coloniale, ouvrira le festival le 18 novembre, et 4 autres soirées lui seront consacrées.
Familles et luttes
« Il faut soutenir les femmes qui souhaitent travailler dans le cinéma, affirmait-elle. Les hommes ne sont pas prêts à les y aider. » Elles filment, pourtant, des histoires de femmes, souvent des gestes de tendresse et d’amour. Le 20 novembre on pourra voir en avant-première un film de Sonia Ben Slama Machtat, qui suit un orchestre de femmes, familial, dans les mariages tunisiens. Le 21 Blackbird, Blackbird, Blackberry, troisième long métrage de la réalisatrice Elene Navariani, met en scène l’émancipation d’Etero, célibataire amoureuse dans un village géorgien.
Le 22 la présence de la comédienne palestinienne Hiam Abbas, filmée par sa fille Lina Soualem sera un événement : Bye bye Tibériade parle de départ et de liens familiaux, dans une région que le présent bouleverse une fois encore.
Le festival se clôturera le 24 novembre par l’avant-première de Madame de Sévigné, biopic littéraire en costumes d’Isabelle Brocard sur une mère qui aimait démesurément sa fille, Françoise de Grignan, principale destinataire, à Marseille, de son abondante correspondance.
Entretemps, une programmation passionnante de courts métrages, et d’autres longs, de Dominique Cabrera, Felipa Reis, Lucie Demange, Asmae el Moudir, Zaïda Carmona. Quelques incursions hors de Marseille, un jury des lycéen·nes, une séance jeune public, une billetterie solidaire, et une fête de clôture à Covo Velten dans le cadre de la journée pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux minorités de genre.
SUZANNE CANESSA
Films Femmes Méditerranée
Du 18 au 24 novembre
Divers lieux, Marseille
films-femmes-med.org