« Parfois il va faire sombre, prévient la comédienne de L’Ombre des choses, mais la lumière revient toujours ». Une sage précaution, car certains jeunes spectateurs du festival En Ribambelle ! sont encore à l’âge où le noir peut alimenter des inquiétudes. Mais très vite les enfants rient aux éclats, devant l’inventivité du spectacle proposé par le collectif franco-allemand Tangram aux quatre ans et plus. C’est fou tout ce que l’on peut faire avec des lampes torches, trois panneaux blancs, une table à thé et des éclairages judicieusement placés. Un petit bonhomme sort de l’ampoule, une cuillère se transforme en poisson ou en avion, les tasses dansent au son d’un mini-piano…
Apparente simplicité
Sarah Chaudon et Clara Palau y Herrero occupent la scène, parfois seules, parfois toutes les deux, tantôt avec leur ombre, tantôt sans. Et c’est tout l’intérêt de ce travail de précision très rythmé que de jouer avec le décalage entre les attendus du public (le comportement « classique » des ombres, discrètement attachées aux formes), et les audaces qu’elles se permettent : bouger en décalé, se détacher, s’incarner en costume noir élastique… Pour les faire grandir ou se déformer, c’est simple comme bonjour en apparence, il suffit de se mouvoir soi-même, de déplacer soit l’objet soit la source de lumière, et elles s’animent ! En vérité, même si le résultat très fluide renforce cette impression de simplicité, savourée par les plus petits, les enfants un peu plus âgés et les adultes accompagnateurs sont bluffés par la performance technique de cette dramaturgie signée Tobias Tönjes.
GAËLLE CLOAREC
L’ombre des choses a été vu dans le cadre du festival des arts de la marionnette et de l’objet En Ribambelle !, le 30 octobre au Théâtre Massalia, Marseille