Artiste issue de la très haute bourgeoisie parisienne, ses œuvres d’avant la première guerre mondiale conjuguent les influences esthétiques des différents groupes d’artistes qu’elle fréquente : les formes simples, le caractère décoratif et l’univers symboliste des peintres du mouvement nabi, les découpes géométriques du cubisme (elle rencontre Albert Gleizes en 1913, qui deviendra par la suite son mari). Pendant la première guerre, elle est à New York, où elle participe au groupe dada avec Marcel Duchamp et Picabia, ce dernier faisant son portrait en manomètre : l’étrange et l’ironie s’introduisent dans la pratique de celle qui se désignait elle-même comme « la dame en peau de léopard » qui « boit du whisky et parle d’art ». Après la guerre, Juliette Roche multiplie les natures mortes, les portraits féminins et les autoportraits, tout en se consacrant à des travaux d’illustrations et d’art décoratif.
Icône de modernité
En 1927, avec son mari, elle fonde à Sablons (Isère), les Coopératives artistiques et artisanales de Moly-Sabata. Puis en 1939, ils s’installent dans le grand mas des Méjades à Saint-Rémy, où ils accueillent, pendant la seconde guerre mondiale, leur ami Gaston Chaissac. Elle cesse de peindre après la disparition de son mari en 1953. Peu exposée de son vivant (2 expositions), son œuvre, qui ressortit aux genres traditionnels de la peinture (portrait et autoportrait, paysage, scène de genre, nature morte, scènes bibliques ou mythologiques) avait fait l’objet d’une rétrospective en 1962, à la galerie Miroir à Paris. Cette nouvelle exposition, Juliette Roche – L’insolite conçue par le Musée Estrine en partenariat avec la Fondation Albert Gleizes par le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et le MASC, musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne, vise à la reconsidérer comme une icône de la modernité.
MARC VOIRY
Juliette Roche – L’insolite Jusqu'au 23 décembre Musée Estrine, Saint-Rémy-de-Provence musee-estrine.fr 04 90 92 34 72