Fondé en 1984 à l’initiative de la Région Sud, l’OJM est devenu au fil des ans bien plus qu’un orchestre : un symbole de paix et de culture.Près d’une centaine de jeunes musiciens issus d’une vingtaine de pays -de l’Espagne au Liban, de l’Algérie à la Turquie- se réunissent chaque été à Aix pour cette aventure. Son directeur musical Evan Rogister en est fier : « En ces temps si difficiles, pouvoir rassembler durant deux semaines tous ces jeunes autour de la musique est une chance immense ».
Ouverture
La soirée a débuté avec l’explosive ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Wagner. Fidèle à la tradition des grandes ouvertures classiques, cette œuvre offre aux musiciens un terrain d’expression idéal. Le chef galvanise l’énergie de ses jeunes instrumentistes avec facétie, n’hésitant pas à jeter sa baguette en l’air avant de la rattraper pour mieux repartir dans un nouveau galop musical.
La soirée s’est poursuivie avec Voici la vaste plaine, un air tiré de Mireille, de Charles Gounod. Si la soprano égyptienne Amina Edris, techniquement irréprochable, a porté la partition avec intensité, son interprétation parfois trop lyrique et sophistiquée a peut-être manqué de la naïveté spontanée et de la simplicité que requiert un rôle loin des héroïnes tragiques ou raffinées du grand répertoire romantique.
Création collective
Puis est venue l’heure du rendez-vous attendu : la composition collective de l’OJM. Sous l’égide du saxophoniste Fabrizio Cassol, le quintet de Charles Kieny (accordéon) Goergios Markopoulos (clarinette) Myrsini Pontikopoulou Venieri (violon), Fahed Ben Abda et Dalal El Bied (chant) accompagné par l’orchestre symphonique, a offert au public une pure merveille, ovationnée durant de longues minutes.
Pour clôturer ce concert, l’orchestre s’est attaqué à la Symphonie n°1 en ré majeur de Gustav Mahler, chef-d’œuvre aux multiples facettes. De l’évocation mystérieuse de la nature au scherzo rustique inspiré des danses paysannes autrichiennes, jusqu’au mouvement funèbre célèbre pour sa sombre reprise du Frère Jacques en mode mineur, quitransforme la comptine enfantine en danse macabre, la formation symphonique a su déployer une palette émotionnelle riche. Le final apocalyptique est grandiose, donnant toute leur place à des cuivres flamboyants.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
Le concert de l’OJM s’est déroulé le 21 juillet au Grand Théâtre de Provence
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