La plasticienne allemande est exposée à la galerie Zemma (Marseille) jusqu’au 19 juin.
Alexandra Pitz compose ses œuvres dans les paysages entre la montagne Sainte-Victoire et les monts Auréliens. Elle y puise les matériaux, « trouvailles » qui les composent : vieux bois meurtris, fragments de ferraille abandonnés, pierres chauffées au soleil. Ce ne sont pas de simples accessoires, mais une matière qui vit et qui exprime la Provence et les paysages secs et puissants.
Plasticienne, scénographe et costumière d’origine berlinoise Alexandra ne cherche ni à représenter ni à expliquer. D’ailleurs elle ne donne aucun titre à ses créations « laissant le spectateur faire son propre chemin, poser son propre regard ».
Dans sa dernière exposition intitulée Ligne de crête, présentée à l’atelier-galerie Zemma, rue Sainte à Marseille, Alexandra Pitz transforme l’espace en matière brute. Elle utilise le métal, la pierre, des clous, le latex pour façonner des têtes, sur des socles à chapeau sans yeux, sans bouche mais « que l’on peut toucher ».
Fières, désespérées, amoureuses ou lascives, elles possèdent chacune l’expressivité due au travail du latex qui continue à modeler à leur insu « dans un processus qui m’échappe », même lorsque Alexandra n’intervient plus. Elles semblent avoir chacune leur vie propre même si toutes fonctionnent ensemble, pièces poétiques d’une même famille de figures cabossées.
La scénographie de l’exposition, petit « cabinet de curiosités » a été minutieusement pensée par Alexandra qui a même réalisé en amont une maquette au 1/20 e des deux salles d’expositions avec chaque mini œuvre installée à la bonne place. Elle ne forme pas un simple décor mais devient personnage, déambulation qui semble puiser dans des heures sombres. On y ressent du désarroi mais aussi une immense douceur et de la fluidité. Et même les « têtes » les plus surprenantes, celles accablées par des pansements, « dans mon purgatoire » sont pleines d’humanités.
Anne-Marie Thomazeau
Galerie Zemma : 40 rue sainte : jusqu’au 19 juin