Lire Lolita à Téhéran de l’autrice iranienne Azar Nafisi, a été publié en 2003 aux États-Unis, rapidement traduit en une vingtaine de langues. Réédité l’an dernier, son adaptation cinématographique vient de sortir sur nos écrans. Franchement autobiographique, il nous plonge dans l’horreur de la période révolutionnaire islamique des années 1980 et son régime de totalitaire.
Dans les premières pages, Azar Nafisi confronte deux photos : celle des sept étudiantes couvertes de noir de la tête aux pieds, l’autre les montrant cheveux lâchés, ongles peints, vêtus de couleurs vives. Une dichotomie saisissante. Obligées de mentir à leur famille pour suivre, de 1995 à 1997, le séminaire proposé par leur professeure à son domicile et dans le secret, elles analysent avec passion les rapports entre leur réalité et les fictions, et s’encouragent à la rébellion, fût-elle minime. Les romans sont, entre autres, Lolita de Nabokov, Orgueil et Préjugés de Jane Austen, Gatsby le Magnifique de Fitzgerald.
Retrouver un espace de liberté
Le texte a été écrit après l’exil définitif de l’autrice pour les États-Unis en 1997. Sans respecter la chronologie, elle évoque par vagues les moments importants de son parcours. Revenue des États-Unis en 1979 après la chute du Shah, elle enseigne à l’Université de Téhéran qu’elle quitte suite à l’injonction qui lui avait été faite de porter le voile.
Cependant elle acceptera plus tard un poste dans une université plus libérale, consentantfinalement au voile. L’important n’est-il pas qu’elle enseigne et éclaircisse l’horizon de ses étudiants ? Azar Nafisi met en lumière les pouvoirs de la littérature qui libère l’imaginaire malgré la fermeture des librairies, les exécutions, les dénonciations. Si le récit est parfois un peu lourd, chargé de trop de détails, on ne peut que respecter son engagement et rendre hommage à son auteure.
CHRIS BOURGUE
Lire Lolita à Téhéran de Azar Nafisi
Zulma - 21,50 €
Traduit de l’anglais par Marie-Hélène Dumas