« J’ai beaucoup aimé, c’est traité avec beaucoup de finesse et de psychologie, et puis ça dit
beaucoup de notre société, je trouve. » : c’est en ces termes fort génériques que Cyril résume chaque année le best-seller qu’il s’est vu offrir au Noël précédent. Il n’a évidemment pas trouvé le temps de le lire ; mais sa belle-famille, visiblement très satisfaite de cette appréciation, ne l’a très probablement pas lu non plus. Les romans publiés à chaque rentrée littéraire par le prolifique Fabcaro sont devenus tout le contraire au fil des ans : un rendez- vous attendu pour ses nombreux lecteurs, chérissant un registre comique somme toute rare dans la littérature française contemporaine.
Comme toujours, les saillies lorgnant vers l’absurde et la franche ironie se font presque raresau tout début du roman, comme noyées dans un désespoir s’embarrassant de peu de politesse. Elles se multiplient ensuite une fois le cadre posé, pour dévier gentiment le récit de sa trajectoire, sans pour autant masquer la part de sérieux et de sincérité qui s’y niche. Le Discours passait au crible le terrain balisé du mariage et des relations amoureuses ; Broadway la crise de la cinquantaine ; c’est enfin de mort qu’il est question avec Fort Alamo. Du deuil d’une mère tant aimée, dont on tarde à vider une maison trop meublée ; et de décès inexpliqués, auxquels Cyril tentera de trouver un sens. Sur ce canevas plus que sinistre, Fabrice Caro érige une série de motifs et d’échappées à l’ironie toujours tendre.
SUZANNE CANESSA
Fort Alamo, de Fabcaro
Gallimard – 19,50 €
Sortie le 3 octobre