Malgré des figures de proue fédératrices telles que Johann Le Guillerm ou Vimala Pons, le cirque de création reste encore méconnu, sous-doté, et mal représenté dans les institutions culturelles. Depuis 2019, l’association Territoires de Cirque, associée au ministère de la Culture, mobilise les énergies durant un week-end automnal sur le territoire national – et même désormais un peu au-delà – pour contribuer, inlassablement, à le faire découvrir. Dans la Région Sud, plusieurs partenaires jouent le jeu. En premier lieu, l’incontournable pôle national Archaos a la joyeuse idée de consacrer une soirée au jonglage, en ses locaux du 15earrondissement marseillais. En ouverture de soirée le samedi 16 novembre dès 20 h, Le récit des yeux propose une hypnotique épopée futuriste, dans laquelle le protagoniste est suivi par des objets circulaires ressemblant à des yeux… Entre sculptures cinétiques et machines à jongler, un nouveau pan des expérimentations que nourrit Carlos Muñoz depuis plus de 10 ans à la tête de la compagnie franco-chilienne Sombra. Place ensuite au maître ès jonglage : avec le solo intimiste Assis, Jérôme Thomas revisite 45 ans de carrière, entre jonglage de matières improbables – gélatines, sacs plastiques, plumes, grelots… – et anecdotes de tournées.
Contorsions de genres
À la Seyne-sur-Mer, le cirque se mêle de sujets sociétaux. Sous chapiteau, le Cirque Queer revisite l’esprit cabaret : freaks, fakirs et contorsionnistes mélangent joyeusement les genres (Le premier artifice, du 15 au 17 novembre). Le 16, Circus Baobab propose en sus une sortie de résidence de sa prochaine création, une nouvelle fois sous l’oeil azimuté de Yann Ecauvre. Après s’être attelé à déboulonner les mythes de la masculinité dans Yé, la compagnie guinéenne explore cette fois un pan féminin de la société africaine avec Yongoyély(littéralement « l’exciseuse »), à travers la figure de la militante indépendantiste M’Balia Camara. À Istres, le Cirque Aïtal saupoudre la tradition d’une bonne dose de punkitude, comme savent si bien le faire Victor Cathala, colosse d’1m90 et Kati Pikkarainen, poupée d’1m53, rejouant un campement entre poulailler, pigeonnier et caravanes (A ciel ouvert, du 15 au 17 novembre). Dans les Alpes-Maritimes, le cirque se fait participatif et revêt ses habits de bal : sur parquet ciré, les 8 acrobates du Doux supplice convient les spectateurs à revisiter les danses populaires – tango, mambo, rock, slow, valse, rondeau, jazz – mâtinées de voltige, jusqu’à la transe finale (En attendant le grand soir, le 17 novembre à La Roquette-sur-Siagne).
JULIE BORDENAVE
La Nuit du Cirque
Du 15 au 17 novembre
Divers lieu, Région Sud
lanuitducirque.com