De la Lozère (du 11 au 17 novembre) à l’Aude (du 6 au 10 décembre), en passant par le Gard et l’Hérault (du 9 au 19 novembre), Temps de Cirques réunit une trentaine de spectacles. Les femmes se taillent la part belle parmi la programmation. Dans Baaldu Groupe Noces, un quintet d’hommes incarne des textes féministes, soutenus par un choeur de femmes. Pour mettre en scène cette « manifestation de joie et de rage mêlées », la metteuse en scène Florence Bernard dit s’être inspirée d’un article de Leïla Slimani paru dans Libération, en marge du mouvement #MeToo. Quant aux Filles du renard pâle, elles poursuivent leurs explorations spatiales ponctuées d’envolées, toujours mues par des urgences plus ou moins allégoriques : après Résiste et Respire, Révolte vient désormais clore un triptyque démarré en 2019. Autre évocation : le parcours d’une femme artiste, via les blessures qui le ponctuent. L’acrobate Katell Le Brenn livre avec Des nuits pour voir le jour un récit intime – mais enthousiaste – autour de l’empêchement et des possibles qui en découlent ; comme une visite guidée dans l’évolution du corps et de ses cheminements, ne boudant pas à l’occasion le jeu de mots lacanien.
Signes des temps
Autre constat : le cirque ne boude plus le métadiscours. Avec Nos circollections, Chloé Duvauchel décide d’étudier l’inépuisable force métaphorique du cirque. Après plus de 20 ans passés au sein du spectaculaire collectif AOC, l’acrobate imagine une forme de proximité, mettant en partage ce qui nous touche, nous émeut et parfois nous rend plus forts dans l’expérience circassienne : marcher sur le fil avec le funambule, se plier en quatre comme une contorsionniste, jongler avec les responsabilités, se sentir épaulé ou porter quelqu’un à bout de bras… Irrésistible et plein de panache. Portée par Martin Cerf, la bavarde Compagnie Armistice s’intéresse quant à elle, avec La prolepse des profanes, à l’essence d’un spectacle de cirque : « un jongleur qui jongle sans s’en rendre compte, un danseur plus léger qu’il en a l’air, un clown qui fait de la politique malgré lui… » La présence annoncée du facétieux Rémi Franct, émérite professeur de recherches et maître de conférences à l’Institut national des études et pratiquescCircassiennes (alias… INEPCi) tiendra-t-elle ses promesses ? Du côté de la compagnie Inextremiste, véritable tête brûlée du cirque contemporain, c’est en actions, collectives et individuelles, que s’expérimente le frisson circassien. Qu’il soit naturel, technologique, réel ou fantasmé, qu’il entrave ou galvanise, il fait partie de la vie quotidienne : il s’agit du risque bien sûr, que le spectateur est appelé ici à vivre en gestes, se fiant à son bon sens pour poser ses propres limites.
JULIE BORDENAVE
La Verrerie Alès laverreriedales.fr tempsdecirques.com