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Sorry, Baby : La vie, après

Présenté à Sundance puis en clôture de la Quinzaine des cinéastes cette année, le premier film d’Eva Victor, raconte une histoire de reconstruction, intime et universelle.

La forêt, la mer, le charme bourgeois bohème d’une petite ville universitaire sans doute de la Nouvelle  Angleterre. De petites maisons archétypales. Lydie (Naomi Ackie) arrive de New York passer un long week end chez son amie Agnès (interprétée par la réalisatrice), prof de littérature dans l’université où elles furent étudiantes. Les deux trentenaires, pull oversize et mug en main, sur canapé ou en balade, parlent de sexe et du temps de la fac, plaisantent, rient : connivence qui exclut d’abord le spectateur, entraîné progressivement dans le cercle social et l’espace intime d’Agnès. Un cadre de comédie romantique américaine. Sauf que quelque chose cloche. Et que la joie des retrouvailles entre les deux amies se plombe par instants d’une lancinante gravité. Que l’humour des deux femmes achoppe sur le regard absent ou perdu d’Agnès, la crispation d’une main, un silence, une question inquiète de Lydie, l’allusion au suicide.

Les deux amies finissent leur doctorat sous la direction d’un même professeur Decker (Louis Cancelmi) dont la brillante et séduisante Agnès -admirée par Lydie, jalousée par une autre doctorante Natasha, est la préférée. Agnès est violée par ce prof qui fuit la justice et disparaît. Elle, demeure dans cette université, travaille dans les bureaux occupés autrefois par son agresseur, bloquée dans les lieux du crime et dans ce lendemain douloureux sans surlendemain envisageable. Elle étudie Lolita avec ses élèves, dont l’un d’eux dit qu’il trouve le texte, beau et dégueulasse. Lydie est partie, vit heureuse, va avoir un bébé avec sa compagne Fran. Agnès est seule, ne se voit pas vieillir, ni avoir un enfant.

Parler du viol ici n’est pas « divulgacher » le scénario qui repose essentiellement sur les séquelles profondes du trauma, sur la lente reconstruction d’Agnès, soutenue par l’amitié de Lydie, et par des rencontres chaleureuses. Rien n’est appuyé. Si l’agression est racontée, sans larmes, sans cris, avec une précision policière par la victime sidérée, comme détachée d’elle-même, elle n’est pas montrée. On reste dehors, devant la façade de la maison d’abord éclairée par le soleil d’après-midi, puis rougie par le couchant avant d’être plongée dans la nuit. La maison, le foyer, le refuge, ce qui protège et cache, ce qui délimite l’espace social et l’espace intime reviendront en motif récurrent. Lieu symbolique, comme la maison douce de la chanson d’Anne Silvestre – que la réalisatrice américaine ne connait surement pas, et qui parle aussi de viol, d’intrusion, de destruction. 

« Ce que je veux partager avec les spectateurs, c’est une émotion. Mon film est à la fois une fiction et une histoire très personnelle. J’ai voulu être la plus juste possible dans tout ce que je raconte. »  a déclaré Eva Victor. Star du web, connue pour ses tweets et vidéos humoristiques, sans se départir de l’intelligence du sourire, elle offre ici un premier film largement autobiographique qui puise sa justesse dans son expérience mais surtout dans la subtilité de sa mise en scène.

ELISE PADOVANI

Sorry, Baby, Eva Victor

En salles le 23 juillet

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