Comment transmettre son héritage tout en s’émancipant ? Voilà la question à laquelle Wacil Ben Messaoud tente de répondre dans son seul en scène autobiographique Le dernier aïd. Il nous raconte son histoire : un jeune homme qui souhaite devenir acteur qui quitte la boucherie halal paternelle de Port-de-Bouc. Un billot de boucher, un couteau et une veste suffisent à Wacil Ben Messaoud pour déployer les différents personnages de son seul en scène Le dernier aïd : son père, une cliente, les deux apprentis boucher et lui-même. On y retrouve certains clichés, comme le père algérien colérique. Mais cette exagération est la preuve de la tristesse du père de voir son fils partir.
Entre rupture et hommage
La leçon donnée aux apprentis sur l’art de la boucherie montre bien la délicatesse et le besoin d’honorer le lieu comme il se doit pour le dernier aïd. Car si l’aïd est synonyme de fête, c’est aussi le jour de la fermeture de la boucherie qui ne sera pas reprise par le fils. Alors le pèreraconte son histoire, sa déception de voir l’œuvre de sa vie fermer. Pourtant, on voit la fierté de ce père pour son fils qu’il surnomme « le philosophe », qui a mieux réussit que lui, comme il le voulait. Le sentiment de trahison vient finalement davantage du fils que du père. Conflit résolu par ce seul en scène sur lequel il travaille avec la compagnie Kourtrajmé depuis 2022, après son passage par l’école Kourtrajmé-Montfermeil, et où il rend hommage à la boucherie, au père, à la fête de l’aïd. Il faut aussi souligner la beauté des performances muettes où Wacil Ben Messaoud coupe une viande imaginaire dans une véritable chorégraphie poétique.Finalement, la symbolique de l’aïd et du sacrifice d’Ibrahim sont représentés ici entre modernité et tradition avec réussite.
LOLA FAORO
Le Dernier Aïd a été joué du 4 au 14 juillet à La Scierie, Avignon
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