Le Pôle poursuit sa mission : faire découvrir le clown dans ses enjeux les plus contemporains, autour de figures s’affranchissant du nez rouge, et de spectacles loufoques cultivant un humour décalé. En ce mois de décembre, ce sont de grands noms qui se relaient, sur le plateau ou sur la piste, en collectif ou en solo. Pour la première fois fardé de blanc et arborant une longue perruque rouge, le toujours surprenant Camille Boitel enfonce le clou de sa discipline, l’auto proclamée « catastrophisme », en assumant de sonder le vertige existentiel le plus sombre du clown : « une grande référence dans les arts du cirque », selon Patrice Laisney, directeur du Pôle, « dans une magnifique scénographie, ou comment mourir toutes les 5 minutes » (Fissures, le 3 à 10 h au Pôle). Quelques jours plus tard, une autre sommité du milieu, Caroline Obin, se propose quant à elle de remonter aux origines du clown. Par le passé, l’artiste a confronté son clown Proserpine aux mécanismes du rire pour en décrypter les rouages, ou encore a choisi de le convier dans l’intimité du quotidien de plusieurs familles, au cours de multiples expériences tentées avec son Apprentie Compagnie.
Entre David Lynch et Intervilles
Cette fois, elle convoque une discipline très actuelle, le krump, pour extraire l’essence brute de la poésie corporelle : au plateau, cinq circassiens, une danseuse et une comédienne sur fond de musique rock, pour un résultat oscillant « entre David Lynch et Intervilles » (Homo Sapiens…, le 8 à 20 h, au Pôle). Direction ensuite l’espace enchanteur des Sablettes à La Seyne-sur-Mer, pour une proposition sous chapiteau. Un pas de côté vers la loufoquerie avec les artistes belges du Cirque du bout du monde, qui se sont fait une spécialité de jongler à l’aveugle. Intronisés chefs d’orchestre, ce sont ici les spectateurs qui régissent de drôles de numéros et des défis absurdes, à base de seaux et d’assiette, voire de verres… et de gants de boxe (Der Lauf,le 10 à 20 h et le 11 à 17 h). Enfin, place au final familial avec Claricello : associé à la Philharmonie du Luxembourg, Alain Reynaud – clown en chef à la tête de la compagnie Les Nouveaux Nez et par ailleurs directeur de La Cascade à Bourg-Saint-Andéol – régente un spectacle fantaisiste et musical, où les envolées de Clari la clarinette se mêlent aux mélopées de Cello le violoncelle, sur des airs de Bach, Mozart, Purcell… L’esprit de Noël en somme ! (le 17 à 17 h, au Théâtre Denis à Hyères).
JULIE BORDENAVE
Clown’s Not Dead
Jusqu’à 17 décembre
Au Pôle, Revest-les-Eaux et alentours
le-pole.fr