mercredi 2 octobre 2024
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Le dessin pour se réparer 

Jusqu’au 17 décembre, l’Arteum Mac accueille l’exposition Réparations, dans laquelle des dessinateurs s’emparent de ce qui a été abîmé

La Saison du Dessin initiée par Château de Servières se concrétise au Arteum-musée d’art contemporain de Châteauneuf-le-Rouge avec l’exposition collective Réparations. Celle-ci est née du constat de la commissaire Christiane Courbon que « la réparation intervient de plus en plus dans les pratiques artistiques qui parlent de ce point de jonction entre blessure, cassure, accident, traumatisme, panne…». Un titre générique pour des pratiques et des points de vue multiples, des générations entremêlées et des intentions différentes : certains se détachent du sensible, d’autres assument l’affect. Tout ce qui fait le sel, justement, de cette proposition où les artistes s’approprient le lieu (avec ses propres fissures, fuites et dégâts occasionnés par le temps et l’histoire), le transforment, le remettent en état. 

Points de suture
C’est le cas de Goulven Delisle qui « crée du récit, de l’imaginaire ou de la fiction avec les matériaux utilisés dans sa pratique artisanale : argile, pigments, chaux, métaux » en intervenant directement sur les quatre cheminées de l’ancien château. Une manière de Rallumer le feu en dessinant dans l’architecture un trait d’union discret entre les pièces. 

Dans la série au fusain À nouveau le paysage, Rose Lemeunier emprunte à Poussin, Bosch ou Friedrich la force de leurs paysages pour en produire une nouvelle lecture, provoquer d’autres sensations par effets de disparition. Travaillées au scalpel, ses images ressuscitent la beauté à sa manière, tronquée, dans ce qui a été « abîmé ». Superposés, accumulés, rapiécés, plâtrés, brodés, les tissus d’Anne-Marie Renan ont une histoire intimement liée à sa grand-mère ; points de couture ou points de suture, ils racontent un peu de la vie de Célestine, laissant filer le long des murs quelques vers de Palme de Paul Valéry… 

De mémoire, il en est aussi question dans l’installation de Corinne De Battista qui chine, se réapproprie photos et matériaux anciens pour réinventer un voyage universel. Mémoire, mais aussi faille et fêlure, dans les dessins puissants de Mahé Boissel – une série de 22 présentés à tour de rôle – où les corps s’abiment, les visages se déforment, où douceur et férocité s’entrechoquent, où les récits prennent la couleur de contes troubles et tourmentés. Tel un ruban enveloppant l’ensemble, les interventions de Brian Mura sont le fruit d’une imagination infinie, visuelle autant que formelle. Preuve s’il en fallait de la générosité du dessin contemporain. 

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 

Réparations 
Jusqu’au 17 décembre 
Performance le 3 décembre de Claire Camous 
Arteum-musée d’art contemporain, Châteauneuf-le-Rouge
mac-arteum.com
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