En 10 ans, Résurgence a poli son positionnement : point d’orgue d’une saison portée par la Communauté de communes Lodévois et Larzac, le festival d’arts de la rue vient la clôturer de quatre jours de spectacles en plein air. Cette année encore, du 17 au 20 juillet, la programmation ne déroge pas à la règle : piocher dans le meilleur de la création hors les murs pour alterner communions de haut vol et moments intimistes. La journée de spectacles se ponctue chaque soir par un moment fédérateur, grand format au pied de la cathédrale ou concert des guinguettes, sans oublier l’imparable Karaoké mobile de C’est pas commun, qui enflamme le parquet de sa caravane.
Parmi la vingtaine de propositions présentées cette année, citons l’atypique marionnette lémurien de la Compagnie Traversant 3, qui élit domicile dans une pompe à essence. Auto-proclamé « manuel de consentement entre le Vivant et le Béton, à l’usage des humains », le spectacle Sale Bête initie un dialogue inédit entre cet animal sauvage et son humaine de compagnie, pour envisager de concert des lendemains qui (dé)chantent. Plus légères, les fantaisies des deux acrobates en pyjama du Poil flou déploient dans 15m2 une ode poétique à la procrastination en espace réduit – autour d’un lit, d’une étagère et de quelques livres –entre complicité et rivalité.
Cirque et danse
Au rayon grandes formes fédératrices, le cirque contemporain revisite quelques agrès traditionnels. Acrobate versé dans l’introspection à ses heures, le taquin Sidney Pin remet sur le devant du bitume un sport extrême inventé en Estonie dans les années 1990 : le kiikingconsiste à réaliser un tour complet sur la plus grande balançoire possible. Avec la complicité du public, invité à tester l’agrès, l’artiste soliloque autour de son rapport avec le virilisme, la politique ou la pop culture (La balançoire géante, La volte cirque).
Avec LOOPS, le trampoline rond devient prétexte à explorer le thème de la boucle pour Cyrille Musy, entre répétitions et mouvement cyclique, libération et aliénation. Comme à son habitude, la Compagnie Kiaï étoffe sa scénographie d’un travail de mapping vidéo pour une expérience immersive. Lodève est aussi l’écrin adéquat pour (re)découvrir quelques pépites atypiques, comme en recèlent parfois le secteur. Absolument bouleversant, Nouvelles de Noone revient sur trois décennies de carrière partagée entre Pierre Pilatte et sa partenaire Sophie Borthwick : en déambulation à travers la ville, ce récit dansé condense tout ce qui fait la singularité de la compagnie 1 Watt à travers les âges. Terriblement punk sans en avoir l’air, follement poétique, diablement attachant : une vraie leçon de doux ensauvagement de l’espace public.
On tendra aussi l’oreille au solo dansé de Maryem Dogui autour des paroles décoloniales (Le prénom, La colombe enragée), ou encore à l’inattendue histoire d’une femme morte depuis 43 000 ans (Hypothèse, Pudding Théâtre).
JULIE BORDENAVE
Résurgence
Du 17 au 20 juillet
Divers lieux, Lodève
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