Zébuline : Quelle est ligne de cette 16e édition ?
Serge Dentin : Toujours la même ! Nous sommes d’abord un festival de cinéma, et la ligne éditoriale de la sélection repose sur la singularité du regard, la mise en scène. Certains films ont des sujets passionnants, mais semblent essentiellement informatifs, trop formatés, au comité de sélection, qui ne les garde pas.
De qui est formé ce comité ?
Ce sont 25 personnes, des enseignants-chercheurs et des réals qui dialoguent. Cette année on a reçu plus de 400 films, c’est un long travail de tout visionner. Mais le dialogue entre sciences et cinéma existe ainsi d’emblée : ils choisissent des films où il est question de sciences exactes, humaines, sociales, de philosophie aussi. De biologie : on a eu beaucoup de films écologiques cette année. On a des films expérimentaux qui travaillent les thématiques de la recherche, mais on prend soin qu’ils suscitent le dialogue avec le public, et avec le jeune public pour ceux qui leur sont présentés. On a une programmation internationale même si on a beaucoup de films français, et on veille à avoir autant de réalisatrices que de réalisateurs.
Vous décernez des prix ?
Oui, cinq ! Nous avons un jury pour chaque format : très court, c’est à dire moins de 10 minutes, court en dessous d’une heure et long au-delà. Et une séance de courts destinée aux enfants, qui décernent leur prix à l’issue, et un prix du public pour le très court.
Vous déclinez aussi des thématiques …
Oui, nos séances sont généralement composées d’un court, d’un long et d’une rencontre. Par exemple pour l’ouverture à la Baleine on a un film de 30 minutes de Phane Montet, partie en Laponie suivre le cheminement de Bilal Bereni, puis un documentaire de Pilar Arcila et Jean-Marc Lamoure tourné à l’hôpital psychiatrique de Valvert (de Marseille, ndlr). Sur l’hospitalité, les salles fermées. Qui veut ouvrir les portes, et retrouver le rapport entre hôpital et hospitalité. Les réals seront là, des psys de l’hôpital, pour réfléchir à la notion de Refuge, et de Chemin.
Vous avez également programmé une soirée Humain/Animal.
Oui, à l’Artplexe, avec le film Monologo Colectivo de Jessica Sarah Rinlan, qui a reçu le Grand prix du cinéma du réel et de nombreux prix internationaux. Elle s’est attachée à la souffrance animale dans les zoos d’Argentine, à la relation avec les soignants qui recueillent les animaux malades. Pascal Carlier, du labo Ethologie/Psychologie de l’IRD, débattra avec le public à l’issue du film
Psychologie, encore, mais humaine, avec le thème Guerres, Secrets…
Oui, avec un court de Violette Gleizer sur l’entourage disparu de sa grand-mère, rescapée de la Shoah. Et un long d’Isabelle Ingold, Les Recommencements, presque un film anthropologique sur un Yurok, Ali Moon, qui a fait la guerre du Vietnam et dont les angoisses refoulées remontent.
Puis un samedi de clôture chargé…
Qui commence avec une séance de courts sur le thème Famille le matin au polygone étoilée, puis une conférence performée de Camille Goujon au Miroir, sur l’histoire de Marseille, où la réalisatrice remonte jusqu’à Phocée pour démonter le mythe et les réalités des migrations. Puis avec un très beau film de Marie Murat tourné avec des personnes, malades, guéries ou en rémission d’un cancer. Enfin, la séance de remise des prix, et la projection en avant-première de Planètes, un film d’animation et d’anticipation de Momoko Seto.
Entretien réalisé par Agnès Freschel
Risc
Du 9 au 13 décembre
Divers cinémas, Marseille
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