La lecture du premier livre traduit en français de Fabio Fiori nous le fait imaginer en maître de cérémonie installé dans un cabinet de curiosités, où s’entasseraient depuis des années des objets étranges, utilisés pour la célébration d’un rite au service des vents. Objets, parfois très humbles, comme les girouettes qui permettent de matérialiser leur présence et leur direction.Vraies œuvres d’art, banderoles, montgolfières et roses des vents servent à « montrer » le vent, ce sont des anémoscopes (de anemos, en grec). Si Ovide parlait d’une rose des vents à quatre pétales marquant les points cardinaux, on est passé très vite à huit, puis à trente-deux à la fin du Moyen Âge. Car s’il y a les vents dominants, il y a aussi les demi-vents, qui les accompagnent. Fabio Fiori connaît aussi les cartes minutieusement dessinées qui ont aidé les hommes à naviguer, désormais conservées dans les musées.
Les vents, les peuples, leur histoire
En même temps qu’il nous initie aux finesses de la navigation, l’auteur évoque les paysages méditerranéens, leurs parfums, les dieux et déesses et leurs amours. Mais aussi le voyage d’Ulysse car L’Odyssée n’est-elle pas la « mère de tous les livres » ? Il relate ses rencontres avec des marins et des pêcheurs dans tous les ports, toutes les îles. Il nous parle de Venise et de ses difficultés pour se protéger des tempêtes et éviter l’acqua alta ; il évoque les difficultés des migrants à toutes les époques. Le dernier chapitre concerne le Mistral, le vent que l’on connaît le mieux dans la région, celui avec lequel nous sommes nés, qui nous pousse et faisait tourner les ailes des moulins de Provence !
CHRIS BOURGUE
Le souffle de la Méditerranée / Voyages et légendes de Fabio Fiori
Traduit de l’italien par Sofia Gérard
Le bruit du monde - 21 €
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