Cinq promeneurs scrutent l’obscurité à la recherche de la lumière pour mieux comprendre notre monde.
Du plateau plongé dans le noir surgissent de petites lampes rouges portées par les cinq acteurs. Le son grave d’un soubassophone s’élève, puis un chant choral harmonieux donne l’impulsion du départ. Le projet du Raoul Collectif, compagnie belge, s’inscrit dans la recherche d’une vie qui ait plus de sens en scrutant ce monde dans lequel nous sommes contraints de vivre et en évoquant des personnages réels ou fictifs. Les situations se succèdent avec rythme, accompagnées prodigieusement au piano ou à la trompette. Car nos comédiens sont aussi musiciens, chanteurs et acrobates. Un moment très fort du spectacle concerne l’évocation de l’affaire Romand qui horrifia notre société en janvier 1993, quand on apprit que ce faux médecin du pays de Gex préféra tuer femme, enfants, ses parents et même son chien, plutôt que de reconnaître ses forfaits. Les comédiens se livrent alors à la reconstitution parodique du procès devant une présidente grotesque et un avocat perruqué. Une autre scène montre un guerrier avec casque et armure qui déclare que le monde est en guerre et qu’il faut rentrer en résistance. Sans transition, on évoque l’histoire de la misérable chenille qui se découvre soudain papillon volant dans la lumière.
Une œuvre collective déjantée et caustique
Le plateau se trouve à la fin envahi d’objets hétéroclites qui soulignent l’absurdité d’un monde désordre et sans valeur. Comment s’y retrouver ? En faisant de la musique, en se réfugiant dans la forêt ? En pratiquant l’humour, en nous interpellant sûrement avec perspicacité et humour, mais aussi causticité et colère.
CHRIS BOURGUE
Le signal du promeneur s’est joué au théâtre Joliette du 30 janvier au 3 févier