Comment avez-vous préparé votre spectacle présenté au cinéma de l’Alhambra le 29 mars dernier ?
Yacin Daoudi. Le flamenco traditionnel émane de notre vie au quotidien. C’est une philosophie de vie. C’est un art plein de codes de communication entre nous. Sans se voir en amont, on est capable de faire d’abord un échange et de créer quelque chose sur l’instant T. C’est le but même du flamenco traditionnel. Il y a beaucoup d’écoute et d’échange sur scène, de communication. On se regarde tout le temps pour être raccord. Mais ce n’est jamais au millimètre, il y a une grande part de spontanéité.
Qu’avez-vous dû apprendre afin de pouvoir vous lancer dans une carrière de danseuse·eur professionnel·le ?
Y.D. Comme dans toutes les danses, il y a beaucoup la question du rythme. Le flamenco est un registre musical, un style extrêmement riche au niveau rythmique. Il y a une hiérarchie : la guitare, quand elle est seule, peut faire ce qu’elle veut. Une fois le chant arrivé, la guitare doit se mettre à son service. Et une fois qu’il y a la danse, la guitare et le chant se mettent à son service. Nous, les danseurs, on peut avoir cette facilité de pouvoir danser et qu’ils nous suivent, mais on a l’obligation de dominer complètement le chant et la guitare.
Comment arrivez-vous à développer un style de danse personnel tout en respectant la tradition ?
Y.D. La tradition, c’est un peu comme la fondation d’une maison. C’est un cadre dans lequel on peut bouger comme on veut, mais on ne peut pas le dominer. Pour trouver sa personnalité, il faut savoir d’où l’on vient et vers où on veut aller.
Léa Delsol. Il y a un bagage culturel très fort et il peut être difficile dans l’apprentissage de se sentir légitime tout en respectant la tradition. Il y a cette notion de respect dans le flamenco, comme si c’était un temple.
Lorsque vous dansez le flamenco, quelles émotions vous ressentez ?
L.D. Je pense que c’est un peu un cliché de dire que le flamenco, c’est triste, c’est dur. Ça vient des tripes, donc ça peut être joyeux ou solennel. Pour moi, c’est plus de l’intensité que de la tristesse. Le flamenco, c’est un peu cette personne qu’on a tous dans notre entourage, qui est très franche. Alors, on trouve ça un peu dur.
Y a-t-il des aspects du flamenco qui ne sont pas connus du grand public, des problématiques propres à cette culture ?
L.D. Parfois, certaines personnes ne se rendent pas compte à quel point le flamenco est vraiment une philosophie de vie. Dans certaines régions d’Espagne, notamment en Andalousie, c’est vraiment une manière de vivre. C’est quelque chose qui fait partie de notre quotidien.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui souhaitent se lancer dans une carrière professionnelle dans le flamenco ?
Y.D. Il faut aller en Espagne.C’est la racine.Il faut étudier,écouter beaucoup de chants,aller voir des fiestas…Mais surtout se lever le matin, et aller manger la tostada au bar, croiser le petit vieux qui chante. Tout est sujet à transmettre, à chanter un truc. Ça, ça ne s’apprend pas par YouTube.
Entretien imaginé par la classe de 1ère option HGGSP au Lycée L’Olivier, menée par Anna, Anaïs, Astrid, Élodie, Élias, Manuela, Mathilde et Romane, et retranscrit par Lucie Ponthieux Bertram.