Belle initiative que celle des Archives départementales 13 d’aller piocher dans leurs fonds des documents – du parchemin à la photographie contemporaine – sur les femmes et d’en faire une exposition en quatre thèmes : être femme dans une société traditionnelle patriarcale, les premières luttes au XIXe siècle pour la citoyenneté politique, le droit à l’éducation et l’égalité civique et enfin le combat pour la liberté de disposer de leur corps et pour la parité.
Militantes et Résistantes
On y retrouve des femmes célèbres : la Reine Jeanne comtesse de Provence, la communarde Louise Michel – décédée à Marseille lors d’une tournée de conférence et dont on peut découvrir la lettre de surveillance de la Préfecture –, Simone de Beauvoir – dont est exposé le texte de sa nomination comme professeur de philosophie au lycée Montgrand –, l’historienne Yvonne Kniebiehler, à l’origine de la création du Centre d’études Féminines de l’Université de Provence, l’avocate Germaine-Poinso-Chapuis, fondatrice en 1929 du club soroptimist de Marseille luttant pour les droits civiques et sociaux, les Résistantes Fifi Turin, Mireille Lauze et Bertie Albrecht ou la chanteuse de music-hall Gaby Deslys.
Elles côtoient des suffragettes, faiseuses d’anges, féministes du MLF (Mouvement de libération des femmes) des années 1970, des femmes au foyer anonymes, des religieuses –comme Saint Douceline –, des prostituées, des ouvrières comme celles de l’usine Cuisenier ou de la Compagnie générale transatlantique.
Sorcières et prostituées
Plusieurs documents originaux donnent de la force à l’exposition comme le testament de Marie Talabot (1886), cette orpheline, domestique à Marseille, qui devint l’épouse du grand industriel Paulin Talabot, dont on peut encore voir l’imposante bastide sur les hauteurs du Roucas-blanc. Des actes juridiques contre des prétendues sorcières, comme la note de frais pour l’exécution d’Alaète Hospitalier brulée à Apt en 1429, un rapport de police sur le meeting féministe de la Ligue pour les droits des femmes de 1923 à Marseille ou encore des dossiers de procédure et des lettres de femmes pénalisées pour avoir avorté.
On regrettera une scénographie fouillis où l’on peine à se retrouver. Elle ne perturbera pas celles et ceux qui ont déjà une bonne connaissance de la conquête des droits des femmes. Pour les autres – et même si une fresque chronologique et des panneaux aident à resituer les grandes avancées –, on ne saurait trop conseiller de suivre les visites guidées gratuitesproposées sur réservation.
Des balades à thèmes sont aussi organisées. Chaque mercredi, place aux familles avec un moment ludique et pédagogique orchestré par un médiateur. Les 13 et 17 septembre, Mathis Ben Achour invite à une balade au Panier autour de l’histoire de la prostitution. On aurait aimé d’autres promenades dans le Marseille des militantes, ouvrières, Résistantes mais on pourra entendre des voix de femmes chantantes le 30 septembre lors du concert Elles en scène. Les Dames de la Joliette partageront la scène avec le choeur Tutte Quante.
ANNE-MARIE THOMAZEAU
L’Histoire au féminin Jusqu’au 25 novembre Archives départementales 13, Marseille
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