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Les Colibris : un orchestre unique au monde 

Professeur au conservatoire Pierre Barbizet de Marseille où il dirige les orchestres symphoniques, Frédéric Isoletta a créé l’Orchestre des Colibris, un ensemble pour enfants sourds profonds. Entretien

Zébuline. Pouvez-vous nous parler des Colibris ?
Frédéric Isoletta.
C’est un orchestre composé d’enfants sourds profonds appareillés ou implantés. Il est coordonné et porté par le Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille et le collectif des artistes lyriques et musiciens pour la solidarité (Calms).

Pourquoi avoir décidé de monter cet orchestre ?
Mon fils Alexandre qui a 12 ans est sourd de naissance et joue du violoncelle depuis plusieurs années. Je me suis rendu compte du bénéfice extraordinaire que cette pratique lui procurait au niveau du langage et de la psychomotricité (il y a énormément de correspondances entre le langage et la musique en termes de construction, d’écoute, de rythme…). Étant musicien, il y avait beaucoup de répétitions à la maison. Je le voyais réagir et tapoter sur le piano. J’ai pris beaucoup d’informations auprès de nombreux chercheurs pour comprendre comment la musique pouvait influer sur le ressenti d’un enfant sourd au-delà des vibrations. J’en ai tiré des conclusions pour créer des compositions et imaginer des pratiques adaptées avec un cahier des charges précis et beaucoup de bienveillance car ces enfants ont une grande fatigabilité. 

« L’orchestre interroge les chercheurs car il balaye leurs certitudes sur la surdité »

Comment fonctionne cet orchestre ?
Les enfants jouent immédiatement en ensemble car en musique l’interaction est primordiale et plus encore pour ces enfants isolés dans le monde de la surdité. Les professeurs encadrants sont volontaires et formés. Ensuite, au sein de l’orchestre chaque enfant est accompagné d’un musicien de son âge et d’un parrain professionnel qui jouent du même instrument. Il s’agit de trios. L’orchestre joue seul ou collabore avec d’autres orchestres du Conservatoire.

Combien d’enfants composent l’orchestre.
Cette année ils seront cinq : un flûtiste, deux violonistes, un altiste et un violoncelliste. C’est une prouesse car sur ces instruments, contrairement au piano, il faut chercher la note juste. C’est une fierté et une bouffée d’oxygène pour ces enfants dont la vie et celle de leurs parents tourne essentiellement autour des rendez-vous médicaux. 

« Le plus difficile est de convaincre des parents »

Existe-t-il d’autres orchestres comme celui-ci ?
C’est une expérience unique en France et dans le monde. L’orchestre interroge les chercheurs car il balaye leurs certitudes sur la surdité. Pour ces enfants, la musique a des bienfaits médicaux, humains, sociaux extraordinaires. Nous sommes chanceux que le Conservatoire prenne à cœur la question du handicap et de la pratique musicale. Avec le Calms, nous allons proposer des Colibris à Aix-en-Provence, Vitrolles et Marignane. Le plus difficile est de convaincre des parents qui n’imaginent pas que leur enfant puisse faire de la musique. 

Le Conservatoire pourrait-il s’ouvrir à d’autres types de handicap ?
C’est un sujet de réflexion du Conservatoire. Avec les Colibris, nous sommes allés au plus difficile en termes de handicap. Ce succès ouvre d’autres perspectives.

Quand pourrons-nous entendre les Colibris ?
L’Artplexe Canebière programme le 12 novembre à 19 heures un documentaire sur l’orchestre suivi d’un débat et le 14 novembre lors des rencontres du CREAI (Centre Régional d’Études pour les personnes vulnérables) au Parc Chanot, nous jouerons quelques morceaux. Et puis lors des Concerts de Noël et de fin d’année du Conservatoire. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ANNE-MARIE THOMAZEAU 

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