dimanche 25 août 2024
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Les gestes dans le détail

Dans Close up, le chorégraphe Noé Soulier met en avant le détail du mouvement et l’intention qui le provoque

Le contraste est saisissant entre les premières notes de Bach – dont l’Art de la Fugue – jouées par les cinq musiciennes de l’ensemble Il Convito, dirigées par la claveciniste Maude Gratton, et les mouvements sportifs et contemporains qui se dessinent sur scène. Dans Close Up les morceaux joués sur les instruments baroques que sont le clavecin, la viole de gambe ou le traverso s’harmonisent pourtant avec les impulsions des six danseurs. Noé Soulier, directeur du Centre national de danse contemporaine d’Angers, travaille une écriture du mouvement inédite qui vise à renouveler la perception du corps à partir d’actions pratiques.

Gros plans sur les gestes

Close Up s’échafaude autour de verbes d’actions du quotidien. Faire la planche, frapper ou s’élancer, sont autant de gestuelles gymnastiques précises et brutes qui coexistent avec les pièces contrapuntiques de Bach, dont la polyphonie se prête à une absence de narration. Les mouvements sont décomposés dans leur structure, puis recomposés lentement ou intempestivement. Grâce au dispositif vidéo, le public peut analyser en direct les gestes, délimités par le champ de la caméra, en gros plan sur un écran. La mise en scène, pensée en strates successives de rideaux qui s’ouvrent sur une installation retirée ensuite, n’existe plus à la fin du spectacle. Les danseurs investissent un plateau dépouillé de tout artifice, comme un voyage au centre du corps humain à travers les diverses couches de peau.

Porteurs d’une intention

Si les mouvements se fixent par la répétition, ils ne portent pas d’intention. Tout l’intérêt pour le spectateur est alors d’en saisir la nuance : le tonus ou la douceur, le dynamisme ou le délassement. Les danseurs sont en diagonale ou en parallèle, forment des structures hexagonales ou triangulaires, sont synchrones ou non dans leurs gestes, créant un dialogue à plusieurs voix. Leurs ruptures de rythme, leurs respirations saccadées et audibles lorsque la musique s’interrompt, confèrent à la danse une dimension organique et imprévisible. Dans le relâchement des mouvements précis amorcés se distinguent de nouvelles trajectoires personnelles : les pieds dévient, les muscles des bras se détendent et partent dans d’autres directions, se laissent guider par les impulsions données..

CONSTANCE STREBELLE

Close Up
Jusqu’au 20 juillet 
Opéra Grand Avignon

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