dimanche 25 août 2024
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Les Schubertiades de Puyricard

La quatrième édition du Festival Côté Cour a choisi la douceur d’une fin de journée sur la place de l’église de Puyricard pour son ouverture

Alors que les grands festivals battent leur plein, le « festival off » Côté Cour, ainsi le décrit, amusée, Sylvie Laforge, présidente de l’association Tanghost qui produit cette manifestation, tient haut les couleurs d’une musique intimiste. À la clé de la réussite de ce pari lancé par la flûtiste Marie Laforge et le harpiste Léo Doumène, les amitiés nouées au fil des rencontres musicales avec des musiciens dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années, et leur temps de résidence conviviale qui renforce leur complicité. 

Un medley en guise de mise en appétit

Le premier concert, gratuit et en plein air, proposait des extraits des concerts à venir comme autant d’invites savoureuses à assister à toute la suite. La quasi-totalité des artistes investissait la petite scène sous les platanes de la place entre les sonneries de l’église, les vols des pigeons dont les ombres passent sur la façade encore ensoleillée. L’Octuor en fa majeur D.803 de Schubert ouvre la soirée. « Non pas la totalité, sourit Léo Doumène, il faudra venir l’écouter le 20 juillet !». Le jeu sur les comptes de musiciens, les substitutions de pupitres participent à l’atmosphère juvénile et potache du festival. Nous est offert le début du premier mouvement, dont le thème est emprunté au Wanderer, qui commence par un Adagio dont l’atmosphère délicate se mue en joie communicative. Clarinette (Lauriane Maudry), basson (Antoine Berquet), cor ( Félix Polet), violons (Laetitia Amblard et Florian Perret), alto (Oriane Pocard-Kieny), violoncelle (Vincent Lamiot), contrebasse (Alexis Derouin), équilibrent leurs sonorités avec élégance. Le sourire aux lèvres, le deuxième extrait est présenté, premier mouvement encore, mais cette fois du Quatuor n°12 en fa majeur, dit « Américain », de Dvořák, écrit à peu près au même moment que la Symphonie du Nouveau Monde. La fascination pour les grands espaces et la nostalgie des airs traditionnels d’Europe centrale se mêlent. L’adaptation du quatuor à cordes à un quintette à vents, autre décompte cocasse du concert, mettait avec encore plus d’évidence la conjugaison des deux univers, abolissant les distances avec une aisance et une fluidité où le lyrisme des passages lents tient tout autant de la musique tchèque que du blues. Restant outre-Atlantique mais plus au sud, on partait au cœur des Saisons de Piazzolla, L’Hiver et Le Printemps, remodelés par un quintette à cordes et harpe. Les effluves du Tango Nuevo cher au compositeur qui fut l’élève de Nadia Boulanger, flirtent avec des échos de Vivaldi, la harpe se fait instrument percussif, les violons s’égarent entre chevalet et cordier, pour des attaques endiablées. La place danse avant de s’assagir sur le spirituel Rigaudon « maison », transcription aussi audacieuse que réussie du Tombeau de Couperin de Ravel pour le « petit orchestre » mutin et virtuose que l’on a envie d’écouter dans ses « intégrales ».

MARYVONNE COLOMBANI

16 juillet, place de l’église, Puyricard, Festival Côté Cour 

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