Tant pis pour les recueils de textes et traités du théâtre, le quatuor réuni par la metteuse en scène Fanny de Chaillé, Malo Martin, Tom Verschueren, Margot Viala et Valentine Vittoz, aborde l’art qu’il pratique avec une verve et un humour décapant, s’éloignant de toutes les conventions mais en se jouant des codes à travers leur maîtrise et leur mise à distance – exercice périlleux s’il en est, et subtilement réussi. L’histoire du théâtre, c’est vaste ! Décider de la résumer en une heure prend des allures d’impossible gageure.
Heureusement l’adjectif « autre » est accolé à l’ambition démesurée du titre, ouvrant d’autres possibles, permettant de réduire le propos géographiquement et temporellement. Tant pis pour l’antiquité ou le Nô, on restera dans les limites des XXe et XXIe siècles en Europe, ce qui est déjà bien trop large pour être épuisé en une seule représentation. Partant des apports des quatre protagonistes, archives, textes aimés, expériences, débats, Fanny Chaillé orchestre discussions collectives souvent enflammées, intrusions d’acteurs, de metteurs en scène, de professeurs de théâtre ou de danse, de personnages mythiques. L’entrée en scène de Louis Jouvet est mémorable, de même que les « confidences » de Jeanne Moreau ou de Sella Adler imprégnée des méthodes de Stanislavski.
Des corps, des décors
S’exposent les théories de Pina Bausch qui insiste sur la place des corps, puis de Grotowski : pas de décor, pas d’effets de lumière, pas de grimage ni de costumes, mais l’acteur au centre de tout… Apparaissent au détour d’une confrontation Hedda Gabler (de Ibsen), le shakespearien Richard III. La fragilité de l’art théâtral est rendue sensible par les interrogations qui le nourrissent et le façonnent. La richesse du spectacle au rythme sans faille nous donne à explorer le foisonnement de l’art dramatique, l’évolution de ses mutations et de ses doutes en une mise en perspective pertinente et ludique. Bravo !
MARYVONNE COLOMBANI
22 avril
La Vignette, Montpellier
24 et 25 avril
Théâtre de Nîmes