mercredi 2 octobre 2024
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Taqqi ou la magie du grand Nord

"Les yeux de Taqqi" convie deux légendes inuits dans un spectacle de marionnettes poétique mené avec brio

Prenez deux contes inuits, mélangez-les soigneusement, confiez-les à un auteur talentueux, Frédéric Chevaux, à un metteur en scène inspiré, Cédric Revollon, à trois comédiennes, Anaël Guez, Camille Blouet, Nadja Maire, et naît un superbe spectacle de marionnettes. Comédiennes, dites-vous, pourtant ! C’est le choix effectué d’entrée par le metteur en scène qui souhaitait avant tout un jeu humain et expressif porté par des artistes venues de la scène avant d’être des manipulatrices d’objets, expliquent à la sortie de scène les interprètes qui précisent l’origine des deux histoires entremêlées, celle de l’orphelin aveugle ou légende du Narval et celle de Tarqiup Inua («l’Homme-Lune ») et Seqineq («l’esprit du Soleil ») sa sœur, qui décrit l’origine de la lune et du soleil. Du second récit n’est retenue que la fratrie heureuse et complice.

Passage initiatique

L’ombre emplit la salle du Jeu de Paume, comble de son public d’enfants et de parents, on a attendu un peu les retardataires, rien ne doit troubler la représentation. Émergent les formes d’un iceberg, d’une plaque de glace qui flotte dans l’obscurité. Sur cette éminence deux « personnages » constitués de papier kraft se dressent, amorcent la narration, le relais est vite pris par les marionnettes quasi-grandeur nature du petit garçon, Taqqi, de sa sœur, de se terrifiante et acariâtre grand-mère (qui se transformera en punition de sa méchanceté en narval). L’enfant est aveugle et c’est un obstacle au passage initiatique qui veut que tout Inuit devienne un homme lorsqu’il a tué son premier ours polaire. Ce dernier apparaît, immense, et livre une bataille épique contre un courageux chien de traîneau. Les formes stylisées soutenues par les manipulatrices vêtues de noir, parlent, chantent, fredonnent, glapissent, grognent, dans le cadre dessiné par les variations du jour et de la nuit dont les ombres ourlent de leur onirique poésie le décor et l’action. La simplicité de ce conte initiatique empreint de merveilleux séduit petits et grands. Délicate bulle poétique. 

MARYVONNE COLOMBANI

Les yeux de Taqqi a été donné les 12 et 14 octobre au Jeu de Paume, Aix-en-Provence.

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