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AccueilMusiquesMarion Rampal : « Il faut se battre, se blinder »

Marion Rampal : « Il faut se battre, se blinder »

L’artiste d’origine marseillaise écrit et interprète avec singularité une musique inspirée, poétique et intime. Elle est sur scène ce 14 janvier au Théâtre Durance (04) et le 25 à La Mesón (13). Entretien

Zébuline. En 2024 vous avez beaucoup tourné avec votre dernier album, Oizel, un opus assez personnel. Quel ressenti avez-vous de sa version live ? 

Marion Rampal. Ce qui a été difficile, c’est faire le lien entre un album si intime et sauvage et le retour sur scène. Aussi, j’ai vécu le décès de mon père à l’été 2023, retourner sur scène avec ce deuil a été assez compliqué. Petit à petit, avec pas mal de volonté et la bienveillance du trio de musiciens très solide qui m’entoure, j’ai trouvé un nouveau plaisir à partager mes chansons sur scène. J’ai mis du temps à démêler ce qu’il fallait ramener du disque sur scène : j’ai conservé l’intimité dans mes chansons et la voix, mais me suis concentrée sur le plaisir du moment et de la musique dans mon rapport au public. Maintenant que le show est rodé, c’est très agréable !

Voilà maintenant deux albums que vous collaborez à la composition avec le guitariste Matthis Pascaud, qui vous accompagne également sur scène. Avez-vous de futurs projets communs ? 

Avec le trio, nous travaillons actuellement autour de la chanteuse Abbey Lincoln. Ses chansons sont incroyables, et elle est assez peu reprise. Je retourne donc vers l’anglais et remobilise au niveau stylistique ce que j’ai appris au contact d’Archie Shepp et pendant mes années de jazz. Je deviens passeuse et transmets les textes écrits par une femme de jazz, qui était une poétesse extraordinaire très proche de Maya Angelou. 

Vous jouerez Petite Maison, le 25 janvier à la Mesón. Pouvez-vous nous parler de ce nouveau projet ? 

Ma musique est très influencée par le français d’Amérique. En 2022, on a eu la chance d’avoir une aide du Conseil des arts du Canada pour faire un échange avec des musiciens traditionnels et des essais en studio avec des musiciens jazz de Montréal. L’idée, c’était de partir à la chasse aux trésors : il y a des chansons qui me plaisent et m’obsèdent depuis longtemps, qui ont circulé dans les campagnes depuis l’âge médiéval, et se sont transformées, embellies, métamorphosées en traversant le temps et l’Atlantique. Au contact de ce répertoire, il y a de la composition, de l’arrangement, de l’improvisation. C’est une première mouture live, avec une formation franco-québécoise. 

Le milieu de la musique, du jazz particulièrement, est encore assez masculin. Si vous aviez un message à faire passer aux jeunes artistes, quel serait-il ? 

Il faut se battre, se blinder. La porte est un petit peu plus ouverte aux femmes aujourd’hui, mais ce n’est pas évident. Dans le jazz, on reste sur un milieu très masculin dans les écoles et grandes écoles. Plusieurs dispositifs portent leurs fruits, pour aider les musiciennes à impulser leur carrière plus tôt que ce que j’ai pu le faire. Je recommande de mixer au maximum les équipes, à tous les postes, de pousser et défendre la mixité. On est au début de débusquer des abus systémiques, ce sont des transformations anthropologiques, dont on parle. Il faut écouter ses aînées, avoir de la sororité, mais la mise en concurrence a toujours joué contre ça. 

Quels projets avez-vous envie de mettre sur pied en 2025 ? 

Un livre ! Rassembler des chansons des quatre ou cinq dernières années, puis écrire des choses qui sont plus de l’ordre de la prose que du roman, sans doute encore autour de la figure de l’oiseau, que je file dans Oizel

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUCIE PONTHIEUX BERTRAM

À venir
14 janvier
Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban 

25 janvier
La Mesón, Marseille 

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