Le Marius de Joël Pommerat et Jean Ruimi, c’est une histoire extraordinaire, à chacun de ses épisodes, qui rappelle Jean Valjean, la rédemption, et dénonce l’horreur de l’enfermement. Le metteur en scène a rencontré le comédien/écrivain en 2014 à la maison centrale d’Arles, réservée aux longues peines. Il avait écrit un texte, Désordre d’un futur passé, et voulait un metteur en scène pour le monter avec six codétenus. Christiane Taubira s’en mêle, le résultat créé en 2015 est extraordinaire, et Joël Pommerat récidive en proposant de monter Marius, de Marcel Pagnol. Que Jean Ruimi adapte, et qu’ils jouent plusieurs fois sous écrou. À Arles en 2017, dans la prison des Baumettes, avec d’autres détenus, en 2019.
Depuis, les détenus devenus acteurs se sont mêlés à la compagnie de Joël Pommerat, et Marius est devenu une production de la Cie Louis Brouillard, qui tourne sur toutes les scènes. Le naturel du jeu des ex-détenus contamine toute la troupe, plongée dans un Marseille contemporain, toujours grande gueule, où on ne fait plus des mandarin-citron mais des kebabs. Mais Marius rêve d’un ailleurs, et partira… Ses répliques sur l’enfermement, les gestes routiniers, les murs qui retiennent, sur la vie tragique des pauvres gens, gardent le relief inattendu qu’ils avaient en prison où la façon de laisser surgir les affects, les impasses, les conflits, sonnaient avec une incroyable force et une confondante humanité.
AGNÈS FRESCHEL
Du 7 au 11 janvier
Le Zef, scène nationale de Marseille
Dans le cadre de la saison du Gymnase hors les murs