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MONTPELLIER : Dans les récompenses de Cinemed 

Du 20 au 28 octobre, le festival du film méditerranéen a proposé une 45e édition riche en découvertes cinématographiques. Retour sur les films primés

Quand un festival se termine, on a des images, des sons, des histoires plein la tête. On attend avec impatience le palmarès des films en compétition, fictions et documentaires, longs et courts. Les jurys auront-ils eu les mêmes coups de cœur ? La 45e édition de Cinemed a pris fin le 28 octobre. C’est en musique que la cérémonie de clôture a commencé, tout comme son ouverture d’ailleurs ; des musiques de films, jouées au piano par Philippe Rozengoltz.

Les longs métrages primés

Le grand prix, l’Antigone d’Or, est toujours le plus attendu et plusieurs films l’auraient amplement mérité, vu la qualité de la sélection. Le jury, présidé par Pascal Elbé a décidé, à juste titre, de l’attribuer au film turc d’Özcan Alper, Nuit noire en Anatolie, un film âpre entre film noir et western, superbement mis en scène et en images. Ishak revient dans son village natal après 7 ans d’absence : sa mère est très malade. Ishak est un homme rongé par un secret, seul : personne ne se réjouit de son retour ; personne n’a envie que le passé ressurgisse. Le spectateur va découvrir peu à peu la vérité, le suivant dans sa quête, à travers des paysages à couper le souffle, des sentiers escarpés, des gouffres où il va descendre, au risque de sa vie, tout comme il plonge dans des souvenirs qu’il n’a pas réussir à enfouir. Le montage alterné met le spectateur dans une quête d’indices, comme son ami, Ali, garde forestier « différent », qui recherchait les traces d’un animal en voie de disparition. Berkay Artes, dans le rôle d’Ishak est impressionnant et les images de Nuit noire en Anatolie restent longtemps en mémoire.

Le public de Cinemed a choisi de primer un film en panorama, qu’on a beaucoup aimé : 20 000 espèces d’abeilles d’Estibaliz Urresola Solaguren qui avait valu l’Ours d’argent à son interprète principale Sofía Otero à la dernière Berlinale. (https://journalzebuline.fr/a-berlin-la-jeunesse-prend-largent/)

C’est le film de Lina Soualem, Bye bye Tibériade, qui a obtenu le grand prix Ulyssedu documentaire et on ne peut que s’en réjouir. Un film sur trois générations de femmes palestiniennes dont la fille de Hiam Abbass retrace les parcours de vie semés d’embûches et de combats, à travers des images d’archives, des photos, des films de familles e avec, très émouvante, la parole de la grande actrice, réalisatrice… Lina Soualem, qui n’était pas présente au palmarès a tenu à remercier le jury « d’avoir célébré les femmes palestiniennes, des femmes de ma famille, celles qui ont appris à tout quitter et à tout recommencer, d’avoir vu leur humanité, d’avoir décidé de la valoriser. […] Ce sont les histoires d’un peuple nié dans son identité, dépossédé de ses droits, contraint de se réinventer sans cesse. Une histoire faite de lieux disparus, de vécus transformés […] C’est en  racontant qu’on se délivre pour conserver les images d’un monde qui se perd. Dans le contexte actuel, j’ai une forte pensée pour ceux et celles qui ont perdu la vie, Palestiniens, Israéliens, pour leurs familles, les captifs, les enfants victimes des violences dont nous sommes témoins. » Une lettre aussi  touchante que Bye bye Tibériade dont on sort les larmes aux yeux.

Anna de l’Italien Marco Amenta a séduit les jeunes des Activités sociales de l’énergie : inspiré d’une histoire vraie, Anna raconte le combat d’une femme, en Sardaigne, une femme libre, sauvage, très liée à cette terre qu’on veut lui prendre. Une femme qui se bat jusqu’au bout, seule, rejetée par les villageois qui ont d’autres intérêts : le complexe hôtelier prévu leur laisse entrevoir des emplois et de l’argent. La lutte d’Anna, superbement interprétée par Rose Aste, est une lutte vitale pour elle et pour la Terre et le film de Marco Amenta, tourné en langue sarde raconte une histoire universelle.

C’est le film de Dani Rosenberg, Le Déserteur(non vu hélas !), l’histoire d’un jeune soldat israélien qui fuit les combats à Gaza, qui a remporté le Prix de la Critique ainsi que celui de la meilleure musique, celle de Yuval Semo.

Le prix étudiant de la Première œuvre est revenu à la Marocaine Asmae El Moudir qui, dans La Mère de tous les mensonges, rejoue sa propre histoire et un épisode tragique de son pays en juin 1981, grâce à une maquette du quartier de son enfance et à des figurines de chacun de ses proches. Un documentaire à la forme étonnante.

Danser sur un volcan © Abbout Productions

Les courts métrages primés

Parmi les 17 courts en compétition le Jury a décidé d’attribuer le Grand Prix à La Voix des autres de Fatima Kaci  qui met en scène une interprète, une passeuse, une femme constamment renvoyée à ses propres fantômes lorsqu’elle écoute les récits des autres. Une belle histoire inspirée par le réel et très bien interprétée par Amira Chebli

Le public a choisi Sokrania 59 d’Abdallah Al-Khatib où l’on retrouve Hiam Abbass dans le rôle d’Aisha une réfugiée syrienne, en Allemagne obligée, avec sa famille, à cohabiter avec Maria et sa fille qui ont fui la guerre en Ukraine 

Ils ont eu des mentions

Fort heureusement, le Jury documentaire a été sensible à un film qui a séduit aussi le public : lors de la projection, son réalisateur, Cyril Aris a eu droit à une standing ovation de plusieurs minutes. À juste titre. Son film Danser sur un volcan nous plonge dans un Beyrouth meurtri, juste après l’explosion sur le port et nous fait partager l’énergie de l’équipe du film Costa Brava, Lebanon de Mounia Akl. Une merveille !

Sans oublier le sympathique court de Wissam Charaf, Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues.

Pour clore cette belle édition, Cinemed a proposé une version restaurée de Vivement Dimanche. Et surtout, vivement la 46e édition.

ANNIE GAVA

Cinemed s’est tenu du 20 au 28 octobre à Montpellier
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