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MONTPELLIER : Nadia Beugré, la « Queen » d’Abidjan

Filles-Pétroles à l’ICI-CCN de Montpellier : un portrait chorégraphique cash de la jeunesse ivoirienne

Ce jeudi 28 septembre, deux femmes à la peau ébène et à la tenue streetwear décontractée sont déjà sur le plateau de la petite salle de spectacle d’ICI-CCN (120 places) quand les spectateurs s’installent. Elles écoutent de la musique venue d’Afrique et malaxent une boule de pâte sans s’occuper de ce qui se passe autour. Très vite, on comprend qu’elles ne sont pas vraiment là, mais qu’elles se trouvent en réalité à Abdijan. Ce sont les Filles-Pétroles, des battantes, des filles qui en imposent, même si on réalise vite que c’est sans doute une condition vitale de leur survie. Décor planté par chorégraphe Nadia Beugré, née en Côte d’Ivoire dans le quartier populaire de Derrière Les Rails à Abobo, au nord D’Abijan, arrivée à Montpellier en 2009 pour y intégrer le master EXERCE, artiste associée à ICI-CCN (Lire l’entretien avec Christian Rizzo, directeur de l’ICI-CNN) pour 2023-24. Elle a reçu cette année le Prix nouveau talent chorégraphique de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques).

Coupé-décalé et roukasskass

Il y a « Gros Camion », une grande gueule aux formes aussi débordantes que son énergie est communicative. Arborant un collier doré revendiquant son statut de « Queen » de la rue, elle harangue avec aplomb les spectateurs, demande quelques pièces en échange d’acrobaties. Son amie, aussi élancée que tonique, « La Chinoise pimentée », semble habitée par un mouvement sans fin. Sur des mouvements chaloupés de coupé-décalé (une danse branchée venue des nuits parisiennes de la diaspora ivoirienne) et de roukasskass (sa version urbaine à pratiquer en mode battle), elles témoignent d’une jeunesse enflammée qui cherche sa voie. La pâte qui sert à faire des galettes vendues dans les rues des quartiers populaires colle à la peau comme aux cheveux. Comme tous les clichés qui entravent malgré elles ces deux danseuses attachantes, Christelle (Christelle Eroué) et Aya (Anoura Aya Larissa Labarest), cherchent à appréhender ce que signifie être corps de féminité et corps en mouvement. À travers elles, Nadia Beugré dresse un portrait cash de la jeunesse ivoirienne à mettre en regard avec un autre de ses spectacles : Prophétique (on est déjà né.es), très remarqué lors du festival Montpellier Danse en juin dernier, dans lequel elle s’intéressait à la communauté transgenre d’Abidjan.

ALICE ROLLAND

Filles-Pétroles a été présenté les 28 et 29 septembre à l’ICI-CCN, Montpellier 
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