samedi 4 mai 2024
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Sous la peau des contes

Hélène Soulié crée au Théâtre Jean Vilar une version de Peau d’âne qui est un cri de révolte. Sous titré La fête est finie, le spectacle s’insurge contre l’inceste, que le conte intègre comme en épisode banal

La compagnie montpelliéraine Exit, dirigée depuis 2008 par Hélène Soulié, aporté ces dernières années sur les scènes révoltes les féministes et intersectionnelles contemporaines. Son MADAM –acronyme pour Manuel d’Auto Défense À Méditer–  a marqué les théâtres : l’épopée post-genre en six épisodes prône une « tendresse radicale » et questionne profondément l’ordre patriarcal. 

 Avec Peau d’Ane, la fête est finie, la metteure en scène sort de la performance et de l’adresse directe au spectateur, pour renouer avec un théâtre qui met en scène des personnages et se décline en actes. Elle veut s’adresser aux adultes mais aussi aux enfants, par le biais de cette histoire familière récrite par Marie Dilasser

Car quel mythe affreux que ce conte ! Charles Perreault le tempérait avec une marraine fée qui mettait fin à l’inceste mais les Frères Grimm sont plus crus encore, et la jeune fille désirée par son père doit le fuir, couverte de honte et de souillure, transformée en monstre hybride pour échapper à son désir qui restera impuni !

La valeur des filles

S’inspirant de Grimm et de Perreault, du film de Jacques Demy bien sûr mais aussi d‘éléments mythiques africains, Marie Dilasser compose sa pièce en trois actes : le premier, terrible, dans une cellule familiale où le père est tout puissant, éditeur d’un pédophile, et la mère fuyante et lâche ; le deuxième, où un âne hybride va guider la fillette dans sa fuite, aidé par d’autres princesses échappées de contes où on veut les endormir ou les empoisonner ; le troisième, un procès, enfin, celui des pères incestueux, des violeurs et détourneurs de mineures. 

Un acte qui permettra enfin aux princesses des contes, et à tous les enfants, d’imaginer d’autres vies, d’autres relations amoureuses, choisies, dans une féminité souhaitée, qu’elles construiraient à leur guise sans enfiler des bagues ou des chaussures trop petites. Qui seules révèleraient la délicatesse, et donc la valeur, des filles ?

AGNÈS FRESCHEL

Peau d’Ane, la fête est finie
Marie Dilasser, Hélène Soulié
Les 12 et 13 octobre
Théâtre Jean Vilar, Montpellier
theatrejeanvilar.montpellier.fr
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